La carence en gras nuit à la fertilité chez
la mère. C'est ce que Bruce Murphy, directeur du
Centre de recherche en reproduction animale (CRRA) de l'Université
de Montréal, a constaté en étudiant
des animaux délevage durant leur cycle de reproduction.
Au cours dune recherche récente, le Dr Murphy
a noté par exemple que, si la seconde mise bas des
truies est moins «performante» (moins de porcelets,
nouveau-nés moins en santé) que la première,
cest en partie à cause de la chute de tissus
adipeux.
«Nous croyons que les gènes exprimés
par les tissus adipeux jouent un rôle de régulation
dans la reproduction du porc, et donc de lensemble
des mammifères», dit le chercheur, qui vient
dobtenir plus de un demi-million de dollars pour étudier
cette hypothèse.
Le Dr Murphy va plus loin et affirme quun poids insuffisant
mène droit à linfertilité. Doit-on
sinquiéter de ce phénomène chez
les femmes, où lobsession de la minceur est
un problème largement répandu? «Bien
sûr quil y a un parallèle à établir
avec les êtres humains, dit-il. Pas seulement chez
les anorexiques. Lorsquune marathonienne à
lentraînement diminue de façon draconienne
son taux de gras par exemple, elle risque de suspendre son
cycle menstruel, et tout le système reproducteur
sen trouvera affecté. Ça sest
vu souvent.»
Des études menées dans son laboratoire ont
pu démontrer sur le plan moléculaire que les
tissus adipeux jouent un rôle d«organe
endocrinien» qui influe sur lhypothalamus et
lovaire.
En médecine vétérinaire, ses recherches
sont dun grand intérêt économique.
Si lon parvient à limiter la perte de poids
chez les porcs ou les bovins après que les femelles
ont donné naissance à leurs petits, la rentabilité
des élevages sen trouvera grandement améliorée.
En médecine humaine, les études du CRRA peuvent
aussi avoir dimportantes retombées. «La
présence de gras dans lorganisme a donné
naissance à une explosion de recherches depuis une
décennie, dit le directeur du centre de la Faculté
de médecine vétérinaire. Son influence
néfaste a été démontrée
dans les désordres comme lobésité,
les maladies cardiovasculaires et le diabète. Mais
il ne faut pas oublier que le gras joue aussi un rôle
utile.»
Chercheur : Bruce
Murphy
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Financement : Conseil de recherches en sciences naturelles
et en génie