Pédiatrie
Des solutions pour contrer la cécité des prématurés

Le petit Christophe a passé 25 semaines dans le ventre de sa mère et est né trois mois avant terme. Pour l'instant, il repose à la pouponnière de l'hôpital Sainte-Justine. Mais lorsqu'il ouvrira les yeux, il risque d'avoir de sérieux problèmes de vision car la formation des vaisseaux sanguins de la rétine ne se complète qu'après 40 semaines de grossesse. De 50 à 80 % des très grands prématurés sont atteints d'une affection nommée rétinopathie du prématuré (ROP) dont la plus redoutable conséquence est la cécité complète.

«Curieusement, fait savoir le pédiatre Sylvain Chemtob, en dépit du nombre impressionnant de bébés qu'elle touche et de ses impacts durant leur vie, nous savons très peu de choses sur cette pathologie.»

Titulaire de la toute nouvelle Chaire de recherche du Canada en périnatalogie, le professeur de la Faculté de médecine de l'Université de Montréal a mis en lumière les mécanismes de la ROP au cours des 10 dernières années avec son équipe de l'hôpital Sainte-Justine. Une de leurs percées implique deux substances produites en quantité chez le prématuré : les prostaglandines et l'oxyde nitrique (NO). Ce duo désastreux forme un puissant relaxant qui neutralise la capacité des vaisseaux sanguins à se contracter. Or, en inhibant une seule de ces substances, les vaisseaux retrouvent leur capacité de contraction et permet une meilleure régulation du débit sanguin dans les rétines de ces prématurés. Les chercheurs ont aussi découvert que les récepteurs couplés aux protéines G ne se trouvent pas seulement sur la membrane plasmique de la cellule, mais également sur le noyau. Une trouvaille qui bouleverse des dogmes en biologie et dans le domaine des lipides, et dont la prestigieuse revue Science a récemment fait mention.

Forte de son expertise, l'équipe du Dr Chemtob a créé un composé capable de retarder les accouchements prématurés. En effet, les prostaglandines provoquent la contraction des muscles de l'utérus qui déclenchent le travail de l'accouchement. Or, en agissant sur les récepteurs couplés aux protéines G, le composé réussit à diminuer considérablement le rythme des contractions et prolonge la grossesse. Ce composé (ainsi que la technologie permettant de le développer) a récemment été breveté par l'entreprise québécoise Theratechnologies.

Après des études aux États-Unis, le professeur Chemtob s'est joint en 1991 à l'équipe de chercheurs sur le développement et la croissance fœtale de l'hôpital Sainte-Justine, dont il est aujourd'hui responsable. Il est très fier du travail de son groupe. «Je suis convaincu que nous pouvons devenir une des meilleures équipes en périnatalogie du monde», affirme-t-il. Mais par-dessus tout, Sylvain Chemtob veut pouvoir traiter les enfants nés trop tôt et, éventuellement, prévenir la prématurité.

Chercheur : Sylvain Chemtob
Téléphone : (514) 345-4685
Financement : Theratechnologies

 


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Université de Montréal, Direction des communications