Transports
Danger : hommes au volant!

Les femmes ont plus d'accidents que les hommes, mais ceux-ci sont davantage impliqués dans des accidents mortels ou à l'origine de blessures graves. Pour Jacques Bergeron, directeur du Laboratoire de simulation de conduite et professeur au Département de psychologie de l'Université de Montréal, le phénomène s'explique surtout par des facteurs d'ordre psychologique. «Quand on demande à un conducteur masculin d'évaluer ses habiletés par rapport à un groupe de 30 personnes du même âge et du même sexe, on trouve peu de variations entre les autoévaluations, dit-il. Chacun a tendance à s'estimer meilleur conducteur que son voisin. Dans les mêmes circonstances, les jugements des femmes sont plus nuancés. Elles se perçoivent elles aussi en général comme de meilleures conductrices, mais leur conception d'une ''bonne conductrice'' renvoie davantage à la prudence qu'à l'habileté.»

Résultat? Les hommes prennent plus de risques au volant. «Selon les perceptions de la majorité d'entre eux, la vitesse ne constitue pas un problème puisque chacun se perçoit comme un bon conducteur apte à rouler rapidement et à éviter les accidents. Pourtant, on sait qu'une vitesse élevée devient souvent un facteur aggravant dans une collision : les temps de réactions sont plus courts, la distance de freinage est accrue et la force de l'impact aussi.»

Mais la vitesse exerce un attrait particulier auquel il est bien difficile de résister... surtout chez les jeunes. La vitesse est à l'origine de 25 % des décès et de 19 % des blessures graves, selon la Société de l'assurance automobile du Québec. Il s'agit de la deuxième cause majeure d'accidents, après l'alcool au volant, responsable de près de 40 % des décès sur les routes, soit plus de 300 morts annuellement au Québec.

Depuis 1990, l'analyse des dossiers des milliers de récidivistes qui chaque année sont condamnés pour une seconde infraction liée à l'alcool au volant incrimine 10 fois plus d'hommes que de femmes. Chez les jeunes de 18 à 35 ans, population à risque par excellence pour les excès de vitesse, on trouve aussi beaucoup plus d'hommes que de femmes. «Même si elles peuvent, elles aussi, manifester de l'impatience et de l'intolérance au volant, les conductrices ont tendance à être plus prudentes et à faire moins de manœuvres dangereuses», signale M. Bergeron.

Depuis plus de 15 ans, le psychologue mène des recherches sur le comportement des automobilistes. Grâce à une Honda Civic convertie en laboratoire de simulation de conduite, le professeur Bergeron et des étudiants des deuxième et troisième cycles ont étudié la conduite en état d'ébriété, l'agressivité au volant, la vigilance... Les distinctions entre les sexes quant aux habitudes de conduite des véhicules automobiles relèvent de ces nombreuses expériences faites au cours des années.

Chercheur : Jacques Bergeron
Téléphone : (514) 343-5811
Financement : Fonds de l'aide aux chercheurs, Société de l'assurance automobile du Québec, ministère des Transports du Québec, Transports Canada

 


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