Biologie végétale
Des roses sauvages au Québec

Il existe environ 15  espèces de roses sauvages réparties principalement en Asie, en Europe et en Amérique du Nord. Sept d’entre elles sont observables au Québec mais, pour les reconnaître, bonne chance! Selon Anne Bruneau, professeure-chercheuse en systématique moléculaire à l’Institut de recherche en biologie végétale et au Département de sciences biologiques de l’Université de Montréal, les rosiers sauvages appartiennent à un des groupes les plus problématiques de la taxonomie végétale. «Tout ce qui peut être compliqué en classification des plantes, on le retrouve chez Rosa : des caractères distinctifs difficiles à interpréter, une morphologie variant à l’intérieur d’une même espèce, voire sur un même spécimen, des systèmes de reproduction et des processus évolutifs complexes...»

Prenons comme exemples Rosa rousseauiorum et Rosa williamsii. Présentes respectivement dans les régions de Charlevoix et du Bic, ces plantes font l’objet d’une vieille controverse. Selon certains, elles sont très semblables et pourraient être en fait une seule et même variété de Rosa blanda, plus répandue sur le continent. Une vaste étude d’Anne Bruneau et de son assistant Julian Starr sur les rosiers nord-américains devraient permettre de trancher la question. Rosa rousseauiorum et Rosa williamsii figurent sur la liste des espèces susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables du Québec. Mais si les chercheurs établissent qu’il s’agit d’une seule et même plante, elles en seraient exclues.

Les travaux du laboratoire d’Anne Bruneau auront pour but de déterminer avec précision les relations entre les espèces de rosiers nord-américains. Des techniques de pointe en biologie moléculaire seront utilisées afin de comparer les séquences d’ADN chloroplastique et nucléaire, source illimitée de données pour les études de systématique moléculaire. De façon générale, plus les séquences d’ADN entre espèces s’avèrent similaires, plus les relations entretenues entre les espèces sont proches. L’autre volet de cette étude portera sur l’analyse de deux complexes d’espèces de rosiers présents au Québec. Par «complexe», on entend des espèces proches parentes qu’il est souvent très difficile de distinguer entre elles à l’aide des caractères d’identification morphologiques et traditionnellement définies ensemble. Pour vérifier la délimitation des espèces du complexe, les chercheurs utiliseront des marqueurs moléculaires très variables. Plus les espèces sont apparentées de près, comme dans le cas d’un complexe, plus les marqueurs joueront un rôle précieux en soulignant les similitudes.

«Tout le monde connaît les roses, tout le monde les aime! affirme Mme Bruneau. Ce sont des fleurs que les humains affectionnent depuis toujours. Pourtant, on ne connaît rien sur l’évolution du genre. Pour une systématicienne, c’est tout un défi qui se présente!» Tout ce qu’elle souhaite, c’est de ne pas connaître le destin du Belge François Crépin, devenu fou après avoir travaillé toute sa vie sur les roses!

Chercheuse : Anne Bruneau
Téléphone : (514) 872-7301
Financement : Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie

 


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