Sociologie
Québécoise, debout!

«L’activité physique, pour moi, ce n’est pas une priorité.» «Faire de l’exercice, dans mon cas, ce serait être déchirée tout le temps : est-ce que je m’occupe de moi ou des autres?» «C’est moi qui fais tout dans la maison, le ménage et tout le reste. Ajoutez le stress du travail, à la fin de la journée, on est vidée. Brûlée! Je n’ai plus d’énergie pour m’adonner à une activité physique.»

Voilà le type de réponses qu’a obtenues la sociologue Suzanne Laberge, professeure au Département de kinésiologie de l’Université de Montréal, lorsqu’elle a demandé à des femmes d’expliquer pourquoi elles étaient si peu portées sur la pratique, même modérée, d’activités physiques. «Les Québécoises de 25 à 44 ans ont bien intégré le stéréotype de la superwoman : la priorité, c’est les autres», commente Mme Laberge. Le conjoint se limite le plus souvent à encourager verbalement sa compagne, non à faire sa part dans la maison.

Selon une enquête du Secrétariat aux loisirs et aux sports du Québec qui servait de base à l’étude sociologique, les Québécoises sont parmi les moins actives des Canadiennes avec les femmes des provinces maritimes. De plus, la sédentarité croît avec l’âge, à tel point que Kino-Québec a ciblé les adultes de 25 à 44 ans parmi les groupes jugés prioritaires pour l’intervention. Alors que trois jeunes femmes sur quatre chez les 15 à 24 ans font de l’exercice régulièrement, cette proportion chute chez les 25 à 44 ans, alors que moins de 48 % d’entre elles pratiquent une activité physique au moins une fois par semaine. La marche est l’activité la plus populaire, suivie par la danse, la baignade, la randonnée à vélo, le jardinage, le patinage, la bicyclette stationnaire, les quilles, la natation et le conditionnement physique.

Des facteurs socioéconomiques influent sur la pratique d’activités physiques. Plus la scolarité et le revenu sont élevés, plus la femme est active. Le type de ménage exerce également une influence : les chefs de familles monoparentales sont plus souvent sédentaires. De même, la femme qui travaille est mieux en mesure d’intégrer les sports dans son horaire. Le groupe des 35 à 44 ans inquiète particulièrement la sociologue, car c’est durant cette décennie que les habitudes de vie deviennent de plus en plus difficiles à modifier… Et la santé risque de s’en ressentir. «Les femmes prennent du poids à cet âge et n’osent plus se montrer dans les salles de musculation, peuplées d’étalons et de jeunes déesses.» Dans la synthèse de son enquête, qui a été distribuée dans les CLSC, les organismes municipaux de loisirs et les centres privés de conditionnement physique du Québec, Mme Laberge a présenté une revue de la littérature sur les bienfaits de l’activité physique chez la femme. Ils sont nom-breux et spectaculaires : une réduction de 30 % de la mortalité chez les Canadiennes actives comparativement aux sédentaires; les femmes actives ont un taux de cholestérol moins élevé et un meilleur profil lipidique; les inactives courraient 30 % plus de risques de souffrir d’hypertension; elles risquent aussi davantage de souffrir du cancer du sein et d’ostéoporose.

Chercheuse : Suzanne Laberge
Téléphone : (514) 343-7934
Financement : Kino-Québec, Santé Canada

 


Archives | Communiqués | Pour nous joindre | Calendrier des événements
Université de Montréal, Direction des communications