Cerveau
À la découverte du corps calleux

Le corps calleux, la plus grosse structure fibreuse du cerveau, est constitué d’un câblage de quelque 800 millions d’axones qui sert de courroie de transmission entre les deux hémisphères cérébraux. «Chaque hémisphère a sa spécialité : la parole et la phonologie sont liées à l’hémisphère gauche, et l’hémisphère droit est le siège de la vision. Mais les deux hémisphères ne fonctionnent pas indépendamment l’un de l’autre : un lien de communication entre eux est nécessaire pour pouvoir appréhender le monde de manière globale; c’est le corps calleux qui joue ce rôle», explique Maryse Lassonde, professeure au Département de psychologie de l’Université de Montréal et titulaire de la chaire de recherche du Canada en neuropsychologie développementale.

Mais il arrive que des enfants naissent sans corps calleux. Les cas «d’agénésie calleuse» congénitale sont même assez répandus : ils concernent 1 enfant sur 100 en moyenne. Au Québec, la région du Saguenay est particulièrement touchée. Mais cette anomalie n’a pas de conséquence dévastatrice pour les enfants, selon la professeure Lassonde. L’absence de corps calleux à la naissance entraînerait un simple ralentissement psychomoteur. Voilà une nouvelle démonstration de la plasticité neurale, cette étonnante faculté que la neuropsychologue avait mise en évidence dans ses travaux sur les aveugles : le cerveau d’une personne qui grandit avec un handicap majeur, comme la cécité ou l’absence de corps calleux, est capable de se réorganiser pour compenser le déficit. Le développement des connaissances sur l’agénésie calleuse offre un formidable espoir à de nombreux parents. «Avec l’échographie prénatale, on peut diagnostiquer très tôt l’agénésie calleuse du fœtus. Depuis que je travaille sur la question, je reçois de nombreux messages de femmes qui me demandent si elles devraient interrompre leur grossesse pour cette raison. Récemment, j’ai reçu la photographie d’un jeune enfant en pleine santé. Le diagnostic prénatal avait décelé une agénésie calleuse et les parents voulaient connaître mon avis sur un éventuel avortement… Je le leur ai déconseillé. Je suis heureuse qu’ils y aient renoncé!» raconte Maryse Lassonde.

Si l’agénésie cause peu de dommages graves chez l’enfant, il en va tout autrement à l’âge adulte. «Un adulte qui a subi une section du corps calleux est victime d’une totale déconnexion entre ses deux hémisphères : sa main droite ignore littéralement ce que fait sa main gauche», note la chercheuse. Toutefois, cette caractéristique peut s’avérer utile dans certaines circonstances : l’ablation du corps calleux est un des traitements préconisés en cas d’épilepsie, ce dérèglement de l’activité électrique du cerveau. L’objectif de l’intervention est d’éviter la propagation de l’épilepsie d’un hémisphère cérébral à l’autre. L’épilepsie infantile, qui constituait un volet secondaire de ses travaux, est devenue prioritaire pour Maryse Lassonde. Et la nouvelle chaire de recherche devrait lui permettre de faire avancer ses travaux à pas de géant.

Chercheuse : Maryse Lassonde
Téléphone : (514) 343-6959
Financement : Fondation canadienne pour l’innovation, Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie

 


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