Sommeil
Pas reposant, le sommeil des personnes âgées

Depuis deux ans, à la tombée du jour, des sœurs de la Providence se rendent dans une aile de l’Hôpital du Sacré-Cœur pour passer la nuit dans un laboratoire. Elles y trouvent des lits douillets, entourés de tout le confort d’une chambre à coucher, tandis qu’une jeune neuropsychologue du Centre d’étude du sommeil et des rythmes biologiques, Anne Décary, observe leur activité cérébrale durant le sommeil. «Depuis longtemps, les aînés se plaignent de mal dormir, explique la chercheuse adjointe du Département de psychiatrie de la Faculté de médecine. Alors que certains ont du mal à s’endormir, d’autres se réveillent très tôt le matin ou plusieurs fois pendant la nuit. Selon différents sondages, 50% des personnes âgées ont des problèmes chroniques de sommeil.»

Pour mieux cerner le problème, Mme Décary invite des gens de 60 à 85 ans à venir dormir au labo. Grâce à des électrodes fixées sur la tête des sujets à l’étude, il est possible d’enregistrer l’activité électrique du cerveau et de suivre les différents stades du sommeil. «Avec l’âge, la durée du sommeil léger augmente considérablement alors que celle des stades plus profonds diminue significativement. Si un jeune adulte passe environ 25% de sa nuit en sommeil lent profond, la personne âgée n’y passe guère plus que 5%.»

En bonne neuropsychologue, Anne Décary tente de comprendre l’impact du manque de sommeil sur les fonctions cognitives des personnes âgées. Durant les journées qui séparent les nuits passées en laboratoire, elle soumet ses sujets à des tests neuropsychologiques. Avec son équipe, elle met à l’épreuve leur mémoire, leur concentration, leur attention et leur langage. «Les personnes dont le cycle de sommeil est perturbé peuvent-elles encore mobiliser leur attention et effectuer des tâches qui demandent de la concentration? Ou les conséquences du manque de sommeil sont-elles trop importantes pour permettre un fonctionnement adéquat pendant la journée? C’est à ce type de questions que je désire répondre.»

Grâce à ses résultats, la chercheuse espère déterminer s’il existe une corrélation entre la perturbation du sommeil et les pertes cognitives. La collaboration des sœurs de la Providence, fondatrices de l’Hôpital du Sacré-Cœur, est très appréciée par Mme Décary. «Travailler avec des religieuses a d’énormes avantages. Elles forment un groupe relativement homogène de femmes qui ont eu une alimentation équilibrée et qui n’ont jamais eu de grossesses ni de stress majeur dans leur vie. De plus, les religieuses habitent sur le terrain de l’hôpital, ce qui facilite leurs déplacements.»

Chercheuse : Anne Décary
Téléphone : (514) 338-2593
Financement : Fonds de recherche en santé du Québec, Société Alzheimer du Canada

 


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