Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numÉro 23 - 13 mars 2006
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Il aurait voulu être un artiste

François Barcelo fuit l’hiver pour écrire à l’étranger

 

Le prolifique écrivain François Barcelo, qui vient de faire paraitre deux romans chez XYZ éditeur (Rire noir et Bossalo) sans compter ses livres pour la jeunesse, sera présent à l’UdeM le 23 mars, à l’occasion de la Semaine du français. Forum a joint au Mexique le premier Québécois publié dans la prestigieuse collection Série noire de Gallimard.

Question: Que diable faites-vous au Mexique?

Réponse: J’écris! Tous les ans, je fuis l’hiver pendant deux ou trois mois. Parfois en résidence d’écrivain. J’étais à Lyon l’an dernier et à Nuits-Saint-Georges il y a quatre ans. Parfois je me rends au Mexique ou en Thaïlande. L’avantage de fuir avec un ordinateur portable bourré de dictionnaires et d’encyclopédies qui n’ajoutent pas un gramme à vos bagages, c’est que vous pouvez écrire tous les jours, sans interruption, à raison de cinq à neuf heures quotidiennement, sans jamais perdre le fil de votre histoire. Si j’étais resté chez moi, je n’aurais pas fait la moitié de tout le boulot que j’abats ici. J’aurais perdu des jours et des jours dans des écoles, des salons du livre...

Q. Pourquoi le Mexique?

R. J’avais assez de milles aériens pour m’y rendre, mais pas suffisamment pour aller plus loin. Et c’est un pays que j’aime beaucoup. Les plages sont belles, la nourriture est bonne et pas chère, et les gens sont sympathiques.

Q. Qu’allez-vous dire au public de l’UdeM?

R. Je vais parler de mon métier, de mes livres, de ma manière d’écrire, du simple bonheur de pratiquer un métier dans lequel les seuls patrons – les lecteurs – ne se manifestent qu’une fois le travail terminé. Et je répondrai aux questions.

Q. Vous avez étudié à l’Université de Montréal. Quels souvenirs en gardez-vous?

R. C’est une longue histoire. En sortant à 18 ans de Brébeuf, où j’étais le pauvre de service, je me suis dirigé vers l’École des beaux-arts. Je voulais être artiste, rien de moins. Mais il m’est bientôt arrivé un grand malheur: j’ai rencontré une jeune fille que j’ai voulu épouser. Les beaux-arts m’auraient pris au moins quatre ans avant que je sois en mesure de gagner ma vie. Un copain m’a alors annoncé qu’il y avait une sacrée aubaine à l’Université de Montréal: une maitrise en littérature française en un an seulement. J’ai donc abandonné les arts pour revenir aux lettres. Mais je travaillais pour vivre, et mon assiduité aux cours laissait parfois à désirer.

J’ai malgré tout obtenu ma maitrise. Je suis ensuite allé quelques mois à McGill dans l’espoir d’y obtenir un doctorat. Mais ça n’a pas marché. Je regrette parfois de ne pas avoir été un étudiant typique, qui passe une partie suffisante de son temps à courir les filles et boire de la bière avec les amis ou qui prend six ans pour faire son droit en écrivant dans Le quartier latin (NDLR aujourd’hui Quartier libre). Et juste à y penser, l’envie me prend de retourner aux études.

Q. Où vous inscririez-vous?

R. À l’Université de Montréal, bien entendu. De préférence dans une faculté où il y a beaucoup de filles, mais on m’a dit qu’il y en a maintenant partout. On n’arrête pas le progrès.

Mathieu-Robert Sauvé

Ce site a été optimisé pour les fureteurs Microsoft Internet Explorer, version 6.0 et ultérieures, et Netscape, version 6.0 et ultérieures.