Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numÉro 31 - 29 mai 2006
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

L’Association des diplômés honore Rémi Marcoux

Le fondateur de Transcontinental rend hommage à HEC Montréal

De gauche à droite : M. Brunet, M. Marcoux, Claire Deschamps, présidente de l’Association des diplômés de l’UdeM, et le recteur

L’homme d’affaires Rémi Marcoux, qui a constitué un empire de 14 000 employés à partir d’une petite imprimerie en faillite de Saint-Laurent acquise il y a 30 ans, est devenu le 39e lauréat de l’Ordre du mérite, la plus haute distinction de l’Association des diplômés de l’Université de Montréal. «À 28 ans, grâce à l’École des hautes études commerciales, j’ai pu entamer une carrière qui m’a mené devant vous, ici, ce soir», a dit le fondateur de Transcontinental aux 270 personnes qui l’avaient ovationné quelques instants plus tôt.

Diplômé des HEC en 1968, Rémi Marcoux deviendra l’année suivante comptable agréé avant de poursuivre ses études à la Harvard Business School de Boston. Deux de ses idées lui vaudront la fortune: la création du célèbre Publi-sac en 1978 et l’achat du journal Les affaires un an plus tard. Le chiffre d’affaires de Transcontinental dépasse aujourd’hui les 2,2 G$. Une ampleur qui surprend même le fondateur.

Décrit par les membres de sa famille et par ses collaborateurs comme un homme généreux, affable et persévérant, Rémi Marcoux est peu connu du grand public. C’est qu’il accorde autant d’entrevues aux médias que l’écrivain Réjean Ducharme. Même si son imprimerie publie des millions de pages de textes quotidiennement (les journaux La Presse et The New York Times, les romans d’Harry Potter et de nombreuses autres publications sortent des presses de Transcontinental), il est invisible sur la scène publique. «C’est un homme qui n’a pas un égo gros comme la Place-Ville-Marie», blague François Colbert, titulaire de la Chaire Carmel et Rémi Marcoux en gestion des arts. Si l’homme d’affaires a accepté de donner son nom à cette chaire, ce n’est certainement pas pour devenir célèbre, poursuit le professeur de HEC Montréal dans un document vidéo réalisé par le secrétaire général de l’Association des diplômés, Michel Saint-Laurent, et diffusé dans la soirée sur des écrans géants.

Pierre Brunet, président de la Caisse de dépôt et placement du Québec, a tenu à rappeler de son côté que les années 70 ont été difficiles pour les entrepreneurs. «Le marché de l’imprimerie était composé d’une foule de petites et moyennes entreprises. Les taux d’intérêt étaient astronomiques. Rémi Marcoux a eu du flair», mentionne M. Brunet dans la même vidéo.

Se souvenir de son alma mater

Le président exécutif du conseil de Transcontinental n’a jamais négligé son alma mater puisqu’il participe volontiers à différentes activités de financement et siège au comité des fêtes du 100e anniversaire de HEC Montréal. Il est aussi au nombre des bienfaiteurs de l’hôpital Sainte-Justine, de l’Hôpital de Montréal pour enfants et de l’Institut de cardiologie de Montréal. «C’est un homme d’affaires, oui, mais il tient au respect de ses valeurs. En ce sens, c’est assurément un modèle pour nos étudiants», a commenté Jean-Marie Toulouse, pour qui Rémi Marcoux se classe parmi les 10 meilleurs leaders du pays.

«Les entrepreneurs québécois font leur part pour diminuer la pauvreté», a fait observer le lauréat dans son allocution, s’inscrivant en faux contre une critique maintes fois formulée sur le mécénat défaillant des gens d’affaires d’ici.

D’origine beauceronne, Rémi Marcoux a rendu hommage à son père, mort jeune, qui était un grand lecteur de journaux. «Il recevait Le Devoir, Le Soleil et L’action catholique», se rappelle-t-il. S’il était encore de ce monde, il consulterait tous les jours le site <lesaffaires.com>, croit le président de Transcontinental, toujours prêt à faire valoir les réalisations de son équipe.

«Il faut le voir avec une canne à pêche dans une fausse à saumons», a relaté Guy Crevier, éditeur de La Presse, selon qui sa combattivité apparait même dans ses loisirs. Quand il est arrivé au journal de la rue Saint-Jacques, Guy Crevier a vite reçu un coup de fil de Rémi Marcoux. Pour le féliciter, bien sûr, mais aussi pour nouer des relations d’affaires... «Il voulait imprimer le quotidien.»

Pour ses enfants, Nathalie, Isabelle et Pierre, qui jouent un rôle actif au sein de l’entreprise, Rémi Marcoux correspond à un type d’entrepreneur dont on peut être fier. «Il a fait sa place au moment où les Québécois commençaient à se prendre en main, signale Pierre Marcoux, vice-président de Transcontinental. Il a compris que la croissance du Québec passait par l’éducation. C’est un modèle pour moi.»

Bon père, il était là quand ses enfants ont eu besoin de lui. Mais le lauréat de l’Ordre du mérite a admis que son entreprise l’a longtemps gardé hors de la maison. Il a rendu hommage à Carmel, sa femme, qui a tenu le fort pendant toutes ces années.

Le recteur Luc Vinet a salué à son tour Rémi Marcoux en soulignant qu’il aurait droit à des pages «bien senties» dans le livre sur l’histoire des diplômés de l’Université de Montréal, livre qui reste à écrire.

En acceptant l’honneur de l’Association des diplômés, qui compte quelque 250 000 membres, Rémi Marcoux adhère à un club sélect de personnes qui ont concouru au rayonnement de leur alma mater, en plus d’avoir connu une «carrière exceptionnelle» et d’avoir contribué au bien de la collectivité. L’Ordre du mérite existe depuis 1967 et a été décerné à des personnalités comme Pierre Dansereau, Pierre Elliott Trudeau, Robert Bourassa, Pierre Péladeau, Denys Arcand et André Caillé.

Mathieu-Robert Sauvé

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