Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numÉro 31 - 29 mai 2006
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Santé: sans travail d’équipe, point de salut

Le Groupe de recherche en gestion thérapeutique veut pouvoir déterminer les couts de chaque acte thérapeutique

Terrence Montague et Michelle Savoie déplorent la gestion morcelée des soins.

La gestion actuelle dans le secteur de la santé ne favorise pas l’intégration des efforts, selon le directeur du Groupe de recherche en gestion thérapeutique (GRGT). Le Dr Terrence Montague, l’un des experts canadiens les plus reconnus dans le domaine, entend faire changer les choses.

«Il est essentiel de trouver des façons de travailler avec tous les partenaires et de fournir les ressources et les outils permettant d’adopter de nouvelles pratiques, estime-t-il. Grâce à une telle approche, appelée gestion thérapeutique, il est possible de suppléer les manques d’efficience tout en évitant la gestion morcelée des soins et en favorisant une plus grande intégration de toutes leurs composantes, au bénéfice des patients.»

Même s’il n’entrera officiellement en fonction que le 1er juin, ce cardiologue originaire de Saint John, au Nouveau-Brunswick, a accepté de rencontrer Forum pour parler d’un vaste projet de recherche entrepris par la direction intérimaire du GRGT et mené en collaboration avec l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal. «Les choses peuvent s’améliorer dans notre système de soins de santé, affirme le Dr Montague. Mais il faut d’abord prendre conscience que les écarts thérapeutiques existent et sont partout.»

Selon un petit guide écrit par le Dr Montague et intitulé La gestion thérapeutique pour les nuls, l’expression «“écart thérapeutique” décrit les différences entre les meilleurs soins – des traitements efficaces et éprouvés, habituellement grâce à des essais cliniques randomisés de grande envergure – et les soins habituels – ceux que les patients reçoivent sur une base quotidienne. Si nous voulons améliorer la santé des patients, nous devons identifier et combler les écarts thérapeutiques.»

Personne pour calculer

À l’heure actuelle, le système est improductif, ajoute cet ancien vice-président et directeur de l’équipe de gestion thérapeutique chez Merck Frosst. «Personne ne calcule, constate-t-il. Si vous avez vu un médecin pour tel problème de santé, personne n’est repassé derrière pour vérifier si vous alliez mieux, quel traitement avait été choisi par les médecins, combien il a couté. Impossible, alors, d’établir quels sont les meilleurs traitements au meilleur cout.»

Le GRGT vise à transformer les pratiques afin de pouvoir mesurer l’efficacité et les couts de chaque acte thérapeutique. «Nous cherchons à évaluer les interventions et à améliorer le transfert des connaissances pour offrir une prise en charge totale des patients tout en optimisant l’utilisation des ressources», résume la directrice intérimaire du GRGT, Michelle Savoie, également professeure invitée à la Faculté de pharmacie.

Ce projet, qui bénéficie d’un financement de quatre millions de dollars du Conseil canadien de recherche en gestion thérapeutique, porte plus particulièrement sur la santé mentale et les maladies cardiovasculaires. Mais pour les dirigeants du GRGT, l’amélioration de la santé globale de la population passe aussi par une prise en charge plus adéquate des personnes atteintes de maladies chroniques comme l’asthme, l’ostéoporose, le diabète et l’arthrose.

Des recherches de ce type, effectuées dans le cadre d’un projet commun avec des intervenants des milieux professionnel, communautaire et privé, constituent, selon Michelle Savoie, un nouveau modèle d’organisation de la recherche. «Tout en faisant place à la libre activité intellectuelle telle qu’on la conçoit en milieu universitaire, cette approche tend vers la résolution de problèmes sociaux particuliers. Ce projet de partenariat fait de l’Université de Montréal un terrain d’expérimentation et d’innovation sociale.»

À titre de directrice intérimaire, Mme Savoie, avec l’appui de Yola Moride, aussi professeure à la Faculté de pharmacie, a mis sur pied la structure opérationnelle du Groupe et imaginé une matrice de connaissances afin de déterminer les initiatives de recherche pertinentes. À ce jour, une vingtaine de scientifiques se sont joints à l’équipe. On prévoit obtenir la collaboration d’environ 75 chercheurs d’ici 2007.

Réduire les frais de santé

Réunissant des chercheurs fondamentalistes et cliniciens ainsi que des administrateurs de différents départements et facultés de l’Université, le GRGT, lancé en septembre 2004, connait un nouveau départ à l’occasion de l’embauche de son directeur permanent.

Avant d’entrer chez Merck Frosst, le Dr Montague a été professeur de médecine et directeur du Département de cardiologie de l’Université de l’Alberta. Il a également occupé plusieurs postes aux universités de la Colombie-Britannique et de Dalhousie.

«Il n’existe pas de formule magique, prévient le cardiologue. Mais une maladie gérée adéquatement permet de diminuer les journées d’hospitalisation et tout ce qui en découle. Par le partenariat, on peut réduire les frais de santé.»

Dominique Nancy

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