Hebdomadaire d'information
 
Volume 41 - numÉro 24 - 19 MARS 2007
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Création d’un DESS en prévention et contrôle des infections

L’Université offre depuis 2005 un microprogramme de deuxième cycle dans cette discipline

Chantal Perpète, une infirmière française, était récemment l’invitée d’une classe d’étudiantes en sciences infirmières.

Il y a maintenant un an et demi, l’Université de Montréal innovait en offrant le seul microprogramme de deuxième cycle en prévention et contrôle des infections au Québec. Mais les étudiants ne pouvaient toujours pas entreprendre un diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) dans cette discipline. Ce sera désormais chose possible grâce à un projet de la Faculté des sciences infirmières adopté par la Commission des études en décembre dernier.

«Nous jugeons opportun d’offrir un DESS dans le contexte actuel, affirme Antoinette Lambert, chargée de cours à la Faculté et l’une des cinq spécialistes responsables de la mise sur pied de ce nouveau programme. Depuis l’apparition du syndrome respiratoire aigu grave, en 2003, et jusqu’à l’épidémie de Clostridium difficile dans nos hôpitaux, il y a eu une prise de conscience politique. Aujourd’hui, le rôle de l’infirmière en prévention et contrôle des infections est reconnu comme primordial.»

Les causes des éclosions récentes de C. difficile sont multiples et complexes, expliquent à Forum ses collègues infirmières Pauline Laplante (de l’hôpital Notre-Dame), Josianne Létourneau (de la Direction de santé publique de Montréal) et Sylvie Théorêt (de l’Institut de cardiologie de Montréal): désuétude des infrastructures, manque de chambres privées, pénurie de personnel infirmier et d’entretien sanitaire, allocation inappropriée des ressources pour le diagnostic rapide des infections, inobservance des pratiques de base en prévention des infections, utilisation inadéquate des antibiotiques, virulence des bactéries présentes, etc. «Les crises auxquelles nous avons été confrontées auront au moins permis l’implantation d’un programme de prévention et de contrôle des infections nosocomiales», commente Antoinette Lambert, qui demeure persuadée qu’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir.

Lorsque survient une éclosion de grippe, de SARM ou de C. difficile, il faut agir rapidement et placer les patients en isolement. Dès que l’un d’eux quitte sa chambre, tout est désinfecté. Les murs et les rideaux aussi! «Il est facile de perdre le contrôle, d’où l’importance d’exercer une très grande vigilance», signale Pauline Laplante. C’est à ce genre de situations que doivent réagir le plus rapidement possible les quelque 200 infirmières en prévention et contrôle des infections qui exercent leur profession au Québec. Un nombre insuffisant compte tenu des besoins cernés par le Conseil de la santé et du bien-être du Québec. Depuis 2004, la norme est de une infirmière spécialisée en prévention et contrôle des infections pour 133 lits en soins de courte durée et de une infirmière pour 250 lits en soins prolongés.

Tenir compte du contexte hospitalier et communautaire
C’est entre autres pour combler cette lacune que la Faculté des sciences infirmières a créé le diplôme d’études supérieures spécialisées en prévention et contrôle des infections. Comme son nom l’indique, il ne s’agit pas d’une quatrième année de baccalauréat mais bien d’une formation de deuxième cycle, souligne Catherine Sarazin. Responsable de programme au service de la formation continue à la Faculté, Mme Sarazin précise que «les 15 crédits du microprogramme s’intègrent dans le DESS. Le titulaire du diplôme peut également poursuivre ses études à la maitrise et faire reconnaitre des cours.»

Avec ses 10 cours, son séminaire et son stage en milieu de travail, le microprogramme se démarque clairement en permettant aux infirmières «de mieux évaluer la situation de leur milieu de travail, d’élaborer et de gérer des programmes ayant pour but de préserver la santé des clients et des travailleurs et d’agir comme agentes de changement au sein de leur établissement», peut-on lire dans le document de présentation.

Autre spécificité: il offre la possibilité d’acquérir des compétences pour intervenir en prévention et contrôle des infections dans des contextes hospitalier et communautaire. «Trop longtemps, on a pensé que les infections nosocomiales touchaient essentiellement les hôpitaux, indique Josianne Létourneau. Ce n’est pas le cas. Avec le virage ambulatoire, les patients se promènent davantage. Ils peuvent être envoyés dans un CHSLD, un centre de réadaptation ou encore dans une maison d’hébergement. On a tenu compte de cette réalité dans la planification du microprogramme et du DESS. Car, même si les mesures sont les mêmes, la façon de les mettre en application diffère.»

Des commentaires élogieux
Le microprogramme, dont une trentaine d’étudiantes suivent présentement les cours, répond très bien aux besoins du milieu, s’il faut en croire les commentaires de Chantal Soucy. «Je n’ai pas de mots pour le décrire, déclare cette infirmière de l’Institut de cardiologie de Montréal qui se dit fière de faire partie de la première cohorte de diplômées. «Cette formation m’a fourni des outils précieux qui m’aident dans mon travail.» Comme elle, plusieurs étudiantes ont manifesté un intérêt pour le DESS.

Le diplôme d’études supérieures spécialisées en prévention et contrôle des infections sera offert dès l’automne 2007.

Dominique Nancy

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