Bulletin sur les recherches à l'Université de Montréal
 
Volume 5 - numéro 1 - octobre 2005
 Sommaire de ce numéro
 English version
 Archives

Sciences biologiques

Haut taux de divorce chez... les oiseaux

Chez les oiseaux monogames, les deux tiers des espèces commettent des infidélités. Le drame se déroule, par exemple, alors que le mâle couve. La femelle voit s’ébattre à quelques mètres du nid conjugal un volatile coloré, énergique et plutôt bon chanteur. C’est le coup de foudre. Sans un regard en arrière, elle abandonne le père et ses œufs et s’envole en gazouillant avec le nouveau partenaire.

Le « divorce » chez les oiseaux est un phénomène bien documenté en sciences biologiques. Mais quelles sont les raisons qui poussent les femelles à briser des cœurs ? C’est ce que tentera de savoir au cours des prochains mois la biologiste Frédérique Dubois, dont l’équipe de recherche observera des couples de diamants mandarins, un petit oiseau australien reconnu pour son caractère monogame... mais qui n’est pas à l’abri de l’infidélité. « Nous allons expérimenter, notamment, le succès de la reproduction comme facteur de rupture, indique cette spécialiste française arrivée au Québec en 2001 et engagée par l’Université de Montréal l’an dernier. Ainsi, nous allons confisquer des œufs dans un nid afin d’étudier le comportement de la mère. Si elle délaisse son partenaire parce que la quantité d’œufs n’est pas satisfaisante, alors nous aurons une partie de la réponse. »

L’ornithologue n’hésite pas à emprunter des termes propres aux amours humaines pour définir les liens entre mâles et femelles à plumes. Un choix qu’elle défend puisqu’il possède de profondes racines scientifiques. « Un changement de partenaire n’est considéré comme un divorce que lorsqu’au moins l’un des deux membres du couple se reproduit avec un nouveau partenaire alors que les deux sont encore en vie et présents dans la population », écrit-elle dans un résumé de sa recherche en se référant à une pionnière en la matière, Sharmila Choudhury.

Il faut savoir que la monogamie chez les oiseaux n’est pas une excentricité de la nature. « En ornithologie, la monogamie s’explique par les soins biparentaux, reprend la professeure Dubois. Comme les deux parents sont généralement nécessaires pour l'incubation jusqu’à l’éclosion des œufs, l’évolution a favorisé les couples qui s’entraidaient. Chez les mammifères, la présence des deux parents n’est pas aussi indispensable, c’est pourquoi la monogamie est beaucoup plus rare. »

Mais la sélection sexuelle, voulant que les femelles soient attirées par les meilleurs géniteurs disponibles dans une population, peut venir brouiller les cartes. En s’accouplant avec les mâles les plus colorés, les plus puissants et les plus mélodieux, elles renforcent l’espèce pour les générations ultérieures.

L’infidélité aurait donc des assises scientifiques jusque dans la théorie de Darwin. Si certains oiseaux sont peu fidèles (le flamand rose, le héron cendré et le canard colvert sont de véritables donjuans ailés), d’autres comme l’oie des neiges et l’albatros semblent au contraire liés à leur partenaire à la vie à la mort. « Les variations correspondent aux mœurs de reproduction, précise la biologiste. Les espèces dont les nids restent en place pendant plusieurs années ont tendance à être plus fidèles. Comme les individus retrouvent leur site de nidification après leur migration annuelle, ils retrouvent aussi leur partenaire. »

 

Chercheuse :

Frédérique Dubois

Courriel :

frederique.dubois@umontreal.ca

Téléphone :

(514) 343-6927 ou 343-6111, poste 1304

Financement :

Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada

 



Ce site a été optimisé pour les fureteurs Microsoft Internet Explorer, version 6.0 et ultérieures, et Netscape, version 6.0 et ultérieures.