Bulletin sur les recherches à l'Université de Montréal
 
Volume 5 - numÉro 2 - FÉvrier 2006
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Sociologie

Les jeunes de l’ère numérique veulent devenir... babyboomers

Les jeunes d’aujourd’hui ne souhaitent pas refaire le monde. « Ils veulent un emploi stable, bien payé. Ils désirent travailler 35 heures par semaine, du lundi au vendredi », déclare Jacques Hamel, professeur au Département de sociologie de l’Université de Montréal.

Cette constatation se dégage d’une vaste étude à laquelle 6464 étudiants ont été invités à participer. Âgés de 18 à 35 ans, ceux-ci étaient tous inscrits entre 1996 et 2001 à des programmes collégiaux ou universitaires québécois liés à la « nouvelle économie » (biochimie, microbiologie, informatique, techniques d’intégration multimédia et techniques spécialisées en biotechnologie) et ils ont accepté de répondre au sondage en ligne que M. Hamel leur proposait en 2003. Sur la base de leurs réponses, le sociologue a constitué un échantillon de jeunes – diplômés ou non – qui travaillaient dans leur champ d’études. Par la suite, 135 personnes ont été rencontrées au cours d’une entrevue de deux heures afin de prendre le pouls de la génération numérique.

Les résultats de l’étude démontrent que l’image de ces jeunes ne correspond pas à celle véhiculée par les médias, où ils seraient plutôt enclins à demeurer longtemps au service d’un même employeur. « Dans le secteur de la production multimédia, par exemple, les travailleurs possèdent plusieurs habiletés personnelles et tentent de les négocier avec leur patron. Cela a pour conséquence une plus grande mobilité professionnelle, souligne le sociologue. Dans ce milieu, le diplôme de fin d’études importe moins que le portfolio. » Ce dossier personnalisé, regroupant tous les projets et réalisations d’un candidat, est envoyé au futur employeur au moment d’une demande d’emploi.

Afin de diversifier les tâches accomplies pour garnir leur portfolio, les jeunes travailleurs « numériques » peuvent changer plusieurs fois d’entreprises en une seule année. Cela est toutefois moins valable en biotechnologie, un milieu plus classique où l’embauche est plutôt conditionnelle à la possession d’un diplôme. Le terme « génération numérique » a été proposé par le Canadien Don Tapscott et englobe les personnes qui sont nées entre 1977 et 1997. « C’est une génération qui a grandi avec les jeux vidéo, les ordinateurs, les téléphones cellulaires, et qui est familiarisée avec les nouvelles technologies de l’information et de la communication, explique le chercheur. Enfants, ils ont connu les médias interactifs, contrairement aux générations précédentes, qui sont celles de la télévision. »

L’étude de Jacques Hamel et son équipe – Bjenk Ellefsen, Caroline Dawson et Maxime Marcoux-Moisan de l’UdeM ainsi que quatre chercheurs de l’Observatoire Jeunes et société, soit Claude Trottier, Madeleine Gauthier, Marc Mongat et Mirshea Vuntur – permet de nuancer la thèse d’André Gorz sur les dissidents du numérique. Celui-ci soutient que les jeunes qui ont étudié dans ce domaine sont souvent déçus de leur expérience en entreprise. Après s’être investis dans le travail pendant quelque temps, ils délaissent ce secteur et deviennent ainsi des dissidents du numérique. « À quelques exceptions près, on n’a pas vu de dissidents du numérique. Si ce phénomène existe, il est marginal au Québec », affirme le spécialiste, qui s’intéresse depuis longtemps aux questions d’insertion professionnelle et sociale.

 

Chercheur :

Jacques Hamel

Courriel :

jacques.hamel@umontreal.ca

Téléphone :

(514) 343-7159 

Financement :

programme Initiative de la nouvelle économie du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada



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