Bulletin sur les recherches à l'Université de Montréal
 
Volume 6 - numÉro 1 - Septembre 2006
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Sport

Les commotions cérébrales au football ont des effets à long terme

Selon une équipe de neuropsychologues de l’Université de Montréal, les commotions cérébrales dont sont victimes les joueurs de football sur le terrain auraient des répercussions beaucoup plus durables qu’on le croit.

« Les tests actuellement employés pour évaluer l’étendue des dommages à la suite d’une commotion montrent que les effets mesurables disparaissent de 10 à 12 jours après le choc à la tête, explique Louis de Beaumont, qui rédige une thèse de doctorat sur la question. Or, nos recherches ont établi que des séquelles sont observables jusqu’à neuf mois plus tard. Nous craignons même que les chocs au cerveau aient des conséquences permanentes. »

Au cours de ses travaux effectués sous la direction de la neuropsychologue Maryse Lassonde, le chercheur s’est basé sur l’observation minutieuse de 52 joueurs de football qui avaient subi au moins une commotion cérébrale durant l’été 2004. Suivis pendant plusieurs mois après les accidents, les joueurs ont passé des tests neurocognitifs et ont pris part à des séances d’imagerie médicale qui ont révélé des failles dans le fonctionnement de leur cerveau plusieurs mois après le choc, même si tous les sujets paraissaient asymptomatiques selon la batterie de tests la plus couramment utilisée. En plus de présenter un électroencéphalogramme significativement modifié après la commotion, les victimes étaient atteintes de certaines anomalies du fonctionnement du système moteur. « Il faudrait revoir les tests de suivi auxquels sont soumis les athlètes afin de gérer leur retour au jeu, car ces examens ne sont pas assez poussés pour reconnaitre la gravité des commotions cérébrales », estime M. de Beaumont.

Lui-même ancien sportif d’élite – il a joué au hockey jusqu’au rang junior en Ontario –, Louis de Beaumont s’intéresse aux commotions cérébrales depuis qu’il en a subi une à l’âge de 16 ans. Il s’étonne que la médecine du sport s’en remette encore aux tests « papier et crayon » lorsque vient le temps de juger de la gravité d’un choc à la tête. « Des technologies beaucoup plus évoluées existent ; je ne comprends pas qu’on ne s’en serve pas davantage », commente-t-il.

Avec l’aide de sa directrice de recherche et du professeur Hugo Théoret, un spécialiste de l’application de la stimulation magnétique transcrânienne, il a été le premier à faire appel à cette technique afin d’évaluer le fonctionnement du système moteur des victimes de commotion cérébrale. Deux électrodes placées entre le pouce et l’index permettent de calculer l’intensité de la contraction musculaire et le temps écoulé entre la stimulation et le mouvement. « Nous avons noté des déficits importants dans le fonctionnement du système de communication interneuronal dans le cerveau des victimes de choc à la tête », résume-t-il. En d’autres termes, les personnes qui ont subi une commotion cérébrale réagissent plus lentement aux commandes motrices qu’envoie leur cerveau vers leurs muscles. « Il s’agit de différences minimes à nos yeux – une quarantaine de millisecondes en moyenne entre les athlètes commotionnés et ceux qui ne l’ont pas été –, mais c’est une différence mesurable qui pourrait constituer un bon indicateur de l’importance des séquelles. »

 

Chercheur :

Louis de Beaumont

Courriel :

louis.de.beaumont@umontreal.ca

Financement :

Instituts de recherche en santé du Canada




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