Bulletin sur les recherches à l'Université de Montréal
 
Volume 6 - numÉro 2 - FÉVRIER 2007
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Pharmacie

Enfin une étude sur les antidépresseurs chez les adolescents

Bon nombre d’enfants et d’adolescents suspendent leurs traitements contre la dépression et l’anxiété avant la fin de la période prescrite de six mois. « Ils ont tort, estime Yola Moride, professeure à la Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal. Lorsque la durée des traitements est trop courte, les effets indésirables peuvent se manifester sans les bienfaits. » 

Depuis cinq ans, la chercheuse mène des travaux sur les personnes d’âge mineur qui souffrent de dépression, d’anxiété ou de toute autre maladie traitée par les antidépresseurs. Grâce aux données de la Régie de l’assurance maladie du Québec et du ministère de la Santé et des Services sociaux, elle a recueilli de l’information sur plus de 5000 enfants et 11 000 adolescents âgés de 2 à 19 ans à qui l’on a prescrit des antidépresseurs entre 1997 et 2005.

Cet échantillon est le plus vaste à avoir été établi à ce jour auprès des jeunes Québécois. « Très peu de travaux scientifiques portent sur les risques et les bienfaits des antidépresseurs chez les enfants et les adolescents, signale Mme Moride. Cela s’explique : les recherches cliniques qui accompagnent la mise en marché des médicaments excluent généralement ces sujets. C’est pourquoi nos connaissances sont très limitées. »

Vingt ans après l’apparition du Prozac, la « pilule du bonheur », de nombreuses questions demeurent sans réponse. Aujourd’hui, l’utilisation de produits tels que Praxil, Effexor et Celexa s’est largement répandue. Chez les adolescents et les enfants américains de moins de 18 ans, le recours aux antidépresseurs a augmenté de 49 % entre 1998 et 2002, d’après une étude dont les résultats sont parus en avril 2004 dans la revue Psychiatric Services. Au Canada, 1,8 % des personnes de 15 à 19 ans prennent des antidépresseurs (selon le Canadian Journal of Psychiatry, 2005).

« L’usage de ces substances est recommandé pour le traitement de la dépression de modérée à sévère dans cette population malgré les diverses mises en garde des agences de règlementation sur leurs effets indésirables graves possibles, y compris la manifestation de comportements agressifs ou suicidaires », précise Yola Moride, à qui les Instituts de recherche en santé du Canada viennent récemment de verser 71 298 $ pour ses recherches.

Des résultats préliminaires obtenus grâce à la collaboration de la psychiatre Marie Tournier, chercheuse postdoctorale au laboratoire de Mme Moride, démontrent que la situation est aussi accablante chez les jeunes que chez les adultes et les ainés, qui ont fait l’objet d’une analyse similaire l’année dernière par la professeure Moride. « Plus de 50 % des traitements aux antidépresseurs ont une durée insuffisante. C’est particulièrement alarmant compte tenu des risques considérables de rechute », déplore la professeure, qui se demande si les diagnostics sont bons et les traitements toujours justifiés. « Il semble en tout cas qu’il y ait un manque de suivi médical, car beaucoup de ces patients ne retournent pas voir leur médecin après la suspension du traitement », dit-elle.

 

Chercheuse :

Yola Moride

Courriel :

yola.moride@umontreal.ca

Téléphone :

514 343-6111, poste 1-3011

Financement :

Instituts de recherche en santé du Canda, Conseil du médicament du Québec


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