Bulletin sur les recherches à l'Université de Montréal
 
Volume 6 - numÉro 2 - FÉVRIER 2007
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Cardiologie

Les cannabinoïdes protègent le cœur

Les cannabinoïdes exercent un effet cardioprotecteur à la suite d’une privation de l’apport sanguin (ischémie) au cœur, qui peut provoquer l’infarctus. C’est ce que révèlent les travaux de Daniel Lamontagne, professeur titulaire à la Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal. Près de 80 000 personnes meurent chaque année d’une maladie cardiovasculaire au Canada.

L’équipe de recherche du professeur Lamontagne a observé une réduction de plus de 50 % de la gravité de l’infarctus chez un rat perfusé préalablement avec des cannabinoïdes. « Les cannabinoïdes peuvent avoir un effet protecteur sur le cœur, affirme le vice-doyen aux études supérieures et à la recherche de la Faculté. C’est l’un des mécanismes de protection naturelle que le cœur possède pour se protéger des contrecoups délétères de l’ischémie. »

Au tournant des années 90, des chercheurs japonais ont isolé le premier récepteur des cannabinoïdes, situé dans le système nerveux central. « On s’est ensuite mis à découvrir les substances produites par notre propre corps qui pouvaient stimuler ces récepteurs et entrainer une action physiologique », explique celui qui travaille sur les endocannabinoïdes depuis six ans. Dès la découverte dans le cerveau humain du premier endocannabinoïde, l’anandamide (du mot sanskrit ananda, qui signifie « béatitude »), l’intérêt scientifique à leur égard n’a cessé de croitre.

Connu depuis des millénaires pour ses usages thérapeutiques, le cannabis prévient par exemple la nausée chez les patients traités par chimiothérapie. Mais est-ce à dire que le principal agent actif de la marijuana, le delta-9-tétrahydrocannabinol (THC), pourrait avoir une influence bénéfique sur le cœur ? « Il ne faut pas nécessairement conclure que sa consommation aurait un effet protecteur. Quand on fume du cannabis, il y a énormément de substances nocives inhalées, comme le goudron, qui pourraient exercer des effets néfastes, voire inverses, précise le Dr Lamontagne. Si la nature a doté l’être humain de récepteurs aux cannabinoïdes, comme je le dis souvent à mes étudiants en classe, ce n’est pas pour qu’il puisse fumer son joint le samedi soir. C’est parce qu’il y a un système cannabique endogène qui va agir sur ces récepteurs et assurer une fonction physiologique. »

Quand la recherche fondamentale porte ses fruits, ce qui intéresse ce sont bien sûr les applications cliniques. « Il y a loin de la coupe aux lèvres, car les expériences ont été effectuées sur des rats. Est-ce qu’on observerait les mêmes effets chez l’être humain ? Ça demanderait à être démontré », prévient Daniel Lamontagne. S’il est improbable qu’on procède à court terme à des essais cliniques, il est aussi trop tôt pour envisager des applications. « S’il y en avait éventuellement, ça ne passerait pas par la consommation de cannabis, mais par l’administration de composés synthétiques », tient à souligner M. Lamontagne.

Entretemps, d’autres pistes de recherche ont été ouvertes. Pierre Beaulieu, professeur agrégé à la Faculté de médecine, analyse les effets analgésiques des endocannabinoïdes. Son collègue de l’École d’optométrie, Jean-François Bouchard, étudie les effets de ces substances sur les neurones. Domaine de recherche relativement récent, le système endocannabinoïde commence à révéler ses secrets.

 

Chercheur :

Daniel Lamontagne

Courriel :

daniel.lamontagne@umontreal.ca 

Téléphone :

514 343-5909


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