Bulletin sur les recherches à l'Université de Montréal
 
Volume 6 - numÉro 2 - FÉVRIER 2007
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Pharmacie

Les Québécoises enceintes prennent de plus en plus de médicaments

Les Québécoises enceintes ou qui allaitent consomment de plus en plus de médicaments. « C’est ce qui ressort des données que nous avons recueillies depuis 2003 auprès de 40 000 femmes qui planifient avoir un enfant, qui sont enceintes ou qui allaitent », déclare Marie-Pierre Gendron, étudiante à la maitrise en pharmacie à l’Université de Montréal.

Même si l’analyse des données ne se termine qu’en juin 2007, l’étudiante estime la hausse de l’utilisation générale des médicaments à environ trois pour cent au cours des cinq dernières années. Les données proviennent du Centre Info-médicaments en allaitement et grossesse (Centre IMAGE) du CHU Sainte-Justine. Ce centre de surveillance reçoit les appels de professionnels de la santé (pharmaciens, médecins et infirmières) ou de femmes enceintes qui ont des questions sur la médication lors de la grossesse et de l’allaitement, et les renseigne sur ce qui est recommandé et sécuritaire. L’information échangée est entrée dans une banque de données : médicament employé, âge de la femme, âge gestationnel, habitudes de vie et niveau de scolarité.

Les antidépresseurs remportent la palme du médicament le plus consommé et prescrit. Cela s’explique, selon Anick Bérard, directrice de recherche de Mme Gendron et spécialiste de la médication chez la femme enceinte, par le mode de vie d’aujourd’hui, plus stressant, et par un meilleur diagnostic de la dépression durant la grossesse. Près de 18 % des appels reçus au Centre IMAGE concernent des demandes de renseignements sur les antidépresseurs. Après ceux-ci viennent les médicaments liés au système gastro-intestinal, les anti-inflammatoires et les antihistaminiques.

Même si une étude du Centre IMAGE a déjà démontré qu’une grande proportion de femmes continue de prendre des médicaments lorsqu’elles tombent enceintes, un bon nombre de futures mamans suspendent leur traitement parce qu’elles craignent de nuire à la santé du bébé. « Dans la plupart des cas, elles devraient poursuivre leur médication », note Mme Gendron. C’est la situation que vit Véronique, 24 ans, enceinte de 18 semaines. « J’ai déjà eu quelques épisodes de dépression. J’ai arrêté de prendre mes médicaments avant de devenir enceinte, convaincue que le bonheur d’avoir un bébé me protègerait contre la déprime. Mais ce n’est pas du tout ce qui se passe pour moi », réalise-t-elle. Elle ne sait pas encore si elle reprendra des antidépresseurs, car elle est inquiète des risques pour son bébé.

« De très nombreuses femmes qui consomment des médicaments contre l’asthme arrêtent leur médication sans savoir que l’asthme non maitrisé peut provoquer de l’asthme chez l’enfant plus tard, rapporte Anick Bérard. C’est la même chose pour la dépression non traitée. La dépression n’est pas associée à un risque de malformation congénitale. L’alcoolisme, le tabagisme ou une mauvaise alimentation vont davantage influer sur la croissance du bébé . » À ce jour, très peu de médicaments sur le marché ont été associés à des malformations chez le fœtus, souligne Marie-Pierre Gendron. L’âge moyen de la procréation est de plus en plus élevé. « À notre époque, les femmes ont des enfants jusqu’à 45 ans, affirme Mme Bérard, également titulaire de la Chaire Médicament, grossesse et allaitement de la Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal. Elles ont parfois un diabète de type 2 ou sont sous antihypertenseurs et prennent des médicaments en conséquence. On ne voyait presque pas ce genre de situation auparavant et on le verra certainement davantage », dit-elle.

 

Chercheuse :

Marie-Pierre Gendron

Courriel :

mp.gendron@umontreal.ca

Directrice :

Anick Bérard, anick.berard@umontreal.ca 

Téléphone :

514 345-4931, poste 1-4363

Financement :

Chaire pharmaceutique Famille Louis-Boivin (Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal)



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