Bulletin sur les recherches à l'Université de Montréal
 
Volume 6 - numÉro 2 - FÉVRIER 2007
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Kinésiologie

Les commotions cérébrales sont plus graves chez les enfants

Chez les enfants et les adolescents, le sport fait plus de bien que de mal... à condition d’éviter les chocs à la tête. Une étude en cours au Département de kinésiologie de l’Université de Montréal montre que les séquelles d’une commotion cérébrale chez les enfants peuvent être observables jusqu’à 32 semaines après le choc. « Jusqu’à tout récemment, on croyait en général que les enfants se remettaient plus facilement et plus rapidement d’une commotion cérébrale qu’un adulte en raison d’une plus grande plasticité du cerveau. Mais de plus en plus d’indices portent à croire que les jeunes pourraient être plus vulnérables », affirme Dave Ellemberg, professeur au Département de kinésiologie.

Le chercheur a entrepris au CHU Sainte-Justine, en collaboration avec Maryse Lassonde et David Boutin, la première étude visant à mesurer les effets à court et à moyen terme des commotions cérébrales qui surviennent pendant des activités sportives chez les enfants et les adolescents. De précédents travaux sur la plasticité neuronale ont démontré que les enfants récupéraient mieux que les adultes à la suite d’une opération au cerveau, mais que l’épilepsie causait par contre plus de dommages au jeune cerveau. « Il faut voir si c’est la même chose avec les commotions cérébrales, s’interroge le professeur Ellemberg. Si des séquelles subsistent au moment où le jeune a besoin de toutes ses ressources pour assurer ses apprentissages, il s’en trouvera doublement affecté. Il faudra aussi établir des protocoles de retour au jeu qui tiennent compte de ces données. »

Fait étonnant, on ne sait pour ainsi dire rien de ce qui se passe dans le cerveau au moment d’une commotion. « Des études sur l’animal donnent à penser qu’il y a des répercussions sur les neurotransmetteurs, la structure des axones et l’apport en sang au cerveau, mais tout reste à découvrir de ce côté », signale le chercheur. On ne connait en fait des chocs à la tête que les symptômes apparents, qui sont sensiblement les mêmes, quelle que soit la gravité du choc : étourdissements, vomissements, pertes d’équilibre, maux de tête, évanouissements.

Un incident survenu au début de la recherche a apporté un élément inattendu quant à la gravité des commotions chez les enfants. Une joueuse de soccer de huit ans, retenue pour faire partie du groupe témoin, a subi un choc à la tête une semaine après avoir passé les tests écrits relatifs aux habiletés cognitives et ceux liés aux mesures de potentiel évoqué (réponses neuronales mesurées à l’aide de l’électroencéphalographie). Le chercheur a ainsi pu comparer les données. « Vingt-quatre heures après la commotion, les ondes deltas étaient 2,5 fois plus importantes qu’avant, souligne-t-il. Les ondes deltas sont associées à un état de fatigue et de faible vigilance. Les ondes bêtas et gammas, associées à l’attention et au traitement de l’information, étaient quant à elles plus faibles. »

Sept semaines plus tard, les ondes deltas avaient retrouvé leur niveau normal. Quant aux ondes bêtas et gammas, même après 32 semaines, elles n’étaient pas tout à fait revenues à la normale ! Les tests neuropsychologiques sur papier ont en outre révélé une diminution de la vitesse des habiletés cognitives après l’incident, diminution qui s’est résorbée au bout d’un mois et demi. « On ne sait pas si c’est la même chose chez les autres enfants et si ces effets peuvent varier selon les âges », précise Dave Ellemberg. Son projet vise à prendre des mesures du même genre chez 100 à 150 jeunes âgés de 7 à 20 ans.

Malgré les risques de commotion qu’entrainent les sports d’équipe, Dave Ellemberg n’en croit pas moins que les bienfaits du sport sur les fonctions cérébrales des enfants et des adolescents l’emportent sur les points négatifs. « Après 30 minutes d’activité physique, les mesures prises dans mon laboratoire auprès de jeunes enfants indiquent une amélioration de l’attention et de la rapidité de réponse comparativement à 30 minutes d’inactivité », déclare-t-il. Parallèlement à l’étude sur les commotions cérébrales, le professeur poursuit d’autres travaux sur les effets à court et à long terme du sport sur la mémoire et l’attention. « Nous voulons vérifier si ces gains peuvent être durables après un programme de 12 semaines d’activité physique dirigée. »

 

Chercheur :

Dave Ellemberg

Courriel :

dave.ellemberg@umontreal.ca

Téléphone :

514 343-7830



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