Bulletin sur les recherches à l'Université de Montréal
 
Volume 6 - numÉro 2 - FÉVRIER 2007
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Écologie

Un insecticide biologique reconnu est sous-utilisé

Découvert en 1911 et utilisé depuis les années 30, le bacille de Thuringe (Bt) est aujourd’hui l’insecticide biologique le plus répandu du monde. Mais ses ventes représentent moins de deux pour cent à peine du marché des pesticides, évalué à 30 milliards de dollars. « À l’heure actuelle, il existe des dizaines de milliers de souches de Bt qui sont conservées dans des banques en attendant d’être caractérisées », indique Jean-Louis Schwartz, professeur au Département de physiologie de l’Université de Montréal.

Pour le professeur Schwartz, les prochaines années devraient être celles du Bt et c’est tant mieux. En septembre dernier, l’Organisation mondiale de la santé lançait un appel afin d’encourager la vaporisation de DDT (dichlorodiphenyltrichloréthane) dans la lutte africaine contre la malaria. Dénonçant cette approche, le spécialiste rappelle que cet insecticide neurotoxique induit des effets hautement néfastes. « Le DDT s’accumule dans la chaine alimentaire et persiste dans l’environnement », résume-t-il.

Il est d’une importance stratégique majeure de mieux connaitre le Bt, puisque cet insecticide biodégradable pourrait s’avérer extrêmement précieux dans les années à venir. « Les insectes piqueurs peuvent être des vecteurs de maladies très graves, fait remarquer le professeur. D’ailleurs, on emploie d’immenses quantités de cet insecticide dans des pays où font rage des épidémies de malaria et d’autres maladies parasitaires (onchocercose) ou virales (dengue). »

Depuis une quinzaine d’années, le directeur du Réseau Biocontrôle s’est concentré sur le mode d’action moléculaire et cellulaire des protéines formant des pores dans les membranes cellulaires, en particulier les protéines bactériennes produites par le Bt, le Bacillus sphaericus et la bactérie E. coli. Ses travaux (effectués avec Raynald Laprade, Vincent Vachon et de nombreux collaborateurs au Canada et à l’étranger) sont à l’avant-garde quant à la compréhension du fonctionnement du Bt, l’amélioration de son efficacité comme bio-insecticide et la lutte contre la résistance qui pourrait apparaitre chez les organismes ciblés. Les plus récentes études du laboratoire portent sur l’utilité clinique de souches de Bt naturel ou génétiquement modifié dans la lutte contre le cancer.

Sans vouloir être alarmiste, le professeur Schwartz mentionne que le réchauffement climatique est susceptible d’ouvrir de nouveaux territoires aux insectes subtropicaux qui transportent des infections. « On voit ces maladies se déclarer dans des régions comme la Caroline du Sud et la vallée du Mississippi. Même le virus du Nil occidental s’est manifesté sous nos latitudes, ce qu’on n’aurait jamais cru possible cinq ans plus tôt. »

Sur le plan de la recherche médicale, de récentes expériences effectuées par des équipes japonaises, coréennes et canadiennes ont montré que certaines souches du Bt produisent des parasporines, des protéines qui détruisent de préférence certaines cellules cancéreuses du mammifère (foie, côlon et sang). Des travaux ultérieurs pourront mener à des applications cliniques. « Ces découvertes ont suscité un regain d’intérêt à l’égard du Bt », affirme M. Schwartz.

 

Chercheur :

Jean-Louis Schwartz

Courriel :

jean-louis.schwartz@umontreal.ca 

Téléphone :

514 343-6364

Financement :

Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, Fonds de la recherche en santé du Québec, Fonds québécois de recherche sur la nature et les technologies, gouvernement des États-Unis




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