Bulletin sur les recherches à l'Université de Montréal
 
Volume 6 - numÉro 2 - FÉVRIER 2007
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Santé publique

Le lait maternel contient des résidus toxiques

Tout produit animal (viande, lait, œuf) peut contenir des résidus de substances chimiques qu’une femme qui allaite risque de transmettre à son nourrisson. « Les animaux d’élevage reçoivent des anabolisants et des antibiotiques qui se retrouvent ensuite dans le lait maternel, mais en très faibles quantités. Ce ne sont que des traces », dit Thierry Le Bricon, étudiant de deuxième cycle en santé environnementale et santé au travail. Il s’est penché sur les risques de contamination du lait maternel par des substances chimiques provenant d’engrais, de polluants industriels ou encore d’antibiotiques présents dans des aliments d’origine animale.

Depuis plusieurs années, des règlementations ont été mises en place pour protéger la santé des consommateurs canadiens. Santé Canada a ainsi fixé un délai d’attente obligatoire entre le moment où l’animal de boucherie reçoit un traitement médicamenteux et celui où il est amené à l’abattoir, ce qui permet de limiter la présence de résidus potentiellement toxiques dans les aliments. L’Agence canadienne d’inspection des aliments effectue également des contrôles périodiques sur les aliments. Ceux qui ne respectent pas les normes établies ne se rendent pas jusqu’aux épiceries.

Le lait maternel des mères végétariennes semble moins contaminé par des substances chimiques que celui des autres femmes. « La concentration de produits chimiques dans le lait maternel des végétariennes est plus faible que dans celui des femmes qui mangent de la viande, commente l’étudiant. En effet, les fruits et les légumes (notamment s’ils sont biologiques ou s’ils sont lavés) sont en général moins contaminés par les substances chimiques que les produits animaux et leurs dérivés. »

Le spécialiste préconise d’éviter les cuissons au barbecue, car les viandes brulées contiennent des substances toxiques de combustion comme les hydrocarbures aromatiques polycycliques, qui peuvent se retrouver dans le lait maternel. Les effets bénéfiques de l’allaitement maternel surpassent largement les effets néfastes, soutient le pharmacien d’origine française. « Les avantages de l’allaitement maternel sont nombreux, autant pour l’enfant, moins sujet à contracter des otites et à avoir la diarrhée ou encore à présenter des allergies, que pour la mère (reminéralisation osseuse, diminution du risque de cancer de l’ovaire). Alors, pourquoi s’en priver ? »

Sur le territoire québécois, les populations les plus exposées aux substances toxiques sont les Inuits du Grand Nord ainsi que les familles vivant en milieu agricole. Le lait des femmes inuites peut être contaminé par divers produits toxiques comme les biphényles polychlorés (BPC) ou le méthylmercure, présents dans l’environnement et dans leur chaine alimentaire traditionnelle. « Même dans les populations les plus exposées, tous les scientifiques recommandent de maintenir l’allaitement maternel. »

Les enfants de familles installées en milieu rural qui sont nourris avec des substituts du lait reconstitués à partir de l’eau d’un puits restent toujours à risque d’intoxication par des nitrates. Cependant, les nourrissons allaités sont protégés, car les nitrites (produits toxiques des nitrates) ne passent pas la barrière de protection naturelle entre la mère et l’enfant. Par contre, un bébé nourri au biberon avec de l’eau contaminée risque de tomber malade. Reconnaissant les bienfaits de l’allaitement, le gouvernement du Québec a mis en œuvre plusieurs stratégies dont une semaine de l’allaitement, qui se tient en octobre. Le ministère de la Santé et des Services sociaux s’est donné comme objectif pour 2007 que 85 % des femmes allaitent durant les premiers jours après l’accouchement, 60 % après quatre mois et 50 % six mois après l’arrivée du bébé.

Afin de déterminer le degré d’exposition à certaines substances chimiques, les spécialistes utilisent le lait maternel comme marqueur d’exposition, car il est à la fois facile à obtenir et peu couteux. Toutefois, il ne faut pas confondre la présence d’un contaminant et ses éventuelles répercussions sur notre santé. « Ce n’est pas parce qu’une substance est dangereuse qu’il y a un risque pour vous ou pour votre enfant. Ce qui compte, c’est la dose à laquelle vous êtes exposés », fait remarquer le chercheur.

 

Chercheur :

Thierry Le Bricon

Courriel :

thierry.le.bricon@umontreal.ca




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