Bulletin sur les recherches à l'Université de Montréal
 
Volume 6 - numÉro 2 - FÉVRIER 2007
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Transports

Des tarifs aériens à la carte

La concurrence mondiale, l’information accessible en temps réel grâce à Internet et l’émergence d’une clientèle avertie ont incité plusieurs entreprises à revoir leurs pratiques commerciales en ce qui concerne la tarification et la gestion de l’offre. C’est le cas des compagnies aériennes et des sociétés de télécommunication, qui proposent des produits personnalisés afin de répondre aux besoins d’une clientèle variée et exigeante. Une équipe dirigée par Patrice Marcotte et Gilles Savard, rattachés au Centre de recherche sur les transports de l’Université de Montréal, a mis au point une série d’outils basés sur les plus récents travaux en recherche opérationnelle pour aider les entreprises à exploiter les occasions d’affaires que crée ce nouveau contexte économique.

« À l’ère du commerce électronique et dans un contexte de libéralisation des marchés, certains problèmes commerciaux, dont la tarification des produits, dépassent les capacités d’analyse humaines, explique M. Marcotte. L’avenir appartient aux outils d’aide à la décision informatisés conçus selon les méthodes de la recherche opérationnelle. » En collaboration avec de grandes sociétés des domaines aérien et ferroviaire, l’équipe des professeurs Marcotte et Savard a soumis des algorithmes adaptés au fonctionnement en réseau, qui tiennent compte à la fois des contraintes structurelles du transporteur et de la propension des clients à payer pour différents services. Plusieurs compagnies s’intéressent au modèle des chercheurs, non seulement dans le secteur des transports, mais également dans celui des télécommunications. Une entreprise de transfert technologique, ExPretio, est issue de ces travaux.

Dans un projet concernant un transporteur aérien, les chercheurs appliquent une approche de tarification novatrice qui intègre une foule de facteurs, le plus important étant le comportement des clients. « Cette nouvelle génération de logiciels dote les gestionnaires des outils d’analyse puissants qui leur permettent d’exploiter les avantages concurrentiels de l’entreprise. Par exemple, nous pouvons les aider à désigner les produits pour lesquels des consommateurs sont disposés à débourser un supplément. » Paradoxalement, la meilleure image qu’a trouvée M. Marcotte pour illustrer le marché dérèglementé du secteur aérien est celle du souk, « comme on en voit sur les places publiques de Marrakech et où les prix ne sont pas fixes. Sachant qu’un client insatisfait peut acheter un produit équivalent chez le voisin, un vendeur d’expérience saura évaluer la juste valeur marchande de son produit. Et ça marche, à la fois pour les commerçants et pour les clients ! »

Au bout du compte, il s’agit d’optimiser les profits des entreprises, où tout se joue à hauteur d’une marge minime de deux à trois pour cent des revenus, rarement plus. Une hausse du revenu de l’ordre de quelques décimales permet de rembourser rapidement les frais de conception et d’intégration d’un tel outil informatique. Trop souvent négligé lorsqu’on ébauche un système d’optimisation, cet élément est souvent synonyme de succès. « Quand on ne tient pas compte au départ de la réaction des clients, les résultats sont parfois surprenants ! Par exemple, la construction d’un lien routier rapide, dans le but de réduire le temps de déplacement des résidants d’une agglomération, peut mener à l’augmentation du temps de transport pour tous les usagers du réseau ! »

Autre exemple : la hausse des taxes sur les cigarettes, destinée à améliorer la santé de la population. Cette mesure favorise plutôt l’émergence d’un marché parallèle, illégal, et les cigarettes se vendent encore plus qu’avant tandis que les revenus fiscaux diminuent... « En matière de tarification, il faut donc tenir compte de plusieurs facteurs. Ainsi, la modification des tarifs pour les vols Montréal-Toronto peut avoir des répercussions sur le revenu engendré par d’autres vols sur ce segment et qui proposent une correspondance à Toronto vers d’autres destinations. Les tarifs du vol Montréal-Toronto ne devraient donc pas être établis indépendamment de ceux de ces autres vols. »

 

Chercheur :

Patrice Marcotte

Courriel :

patrice.marcotte@umontreal.ca

Téléphone :

514 343-5941

Financement :

Air Canada, Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, Bell Canada




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