Ergothérapie
L’adulte aussi doit s’amuser
L’attitude ludique permet aux adultes de se distancer des situations embarrassantes et d’aborder les difficultés avec un esprit ouvert, de sorte qu’ils sont plus aptes à trouver des solutions originales aux problèmes et à accepter l'échec.
C’est la conclusion à laquelle est parvenue l’ergothérapeute Paulette Guitard à l’issue de sa recherche de doctorat menée à l’École de réadaptation de l’Université de Montréal. Au cours de cette recherche, elle a rencontré différentes personnes reconnues pour leurs prédispositions à rire facilement ou à faire rire, dont un clown professionnel, un bédéiste, un rédacteur de textes d’humoristes ainsi qu’une psychologue dont les conférences portent sur le plaisir. Les résultats démontrent que l’attitude ludique chez l’adulte est caractérisée par la créativité, la curiosité, le plaisir, l'humour et la spontanéité. « Cette attitude se prolonge dans toutes les sphères de la vie et modifie la façon dont on perçoit les situations et analyse les problèmes », soutient M me Guitard.
Mme Guitard, qui a travaillé en pédiatrie, en réadaptation physique et en santé mentale auprès d’adultes, déplore que, malgré les nombreux festivals de l’humour, peu de gens s’autorisent à avoir du plaisir dans leur vie quotidienne. « Les enfants sont beaucoup plus spontanés, estime l’ergothérapeute. Les adultes apprennent à être polis et réservés. » Pour cette mère de trois enfants, aujourd’hui professeure à l’Université d’Ottawa, on aurait tout avantage à développer notre sens de l’humour et notre spontanéité. « L’étude suggère que l’attitude ludique favorise la santé et le bien-être des individus », dit-elle. En tout cas, ses entrevues avec les gens cités plus haut l’ont aidée à mieux comprendre les diverses composantes de l’attitude ludique.
Les travaux de Mme Guitard sont basés sur le modèle ludique élaboré par sa directrice de recherche, Francine Ferland. Celui-ci mise sur le potentiel thérapeutique du jeu et vise le développement de la capacité d’agir de l’enfant et sa découverte du plaisir lié à l’action. « Par le jeu, l’enfant acquiert une connaissance du monde qui l’entoure, une attitude positive à l’égard de l’action et des habiletés dans différents domaines », explique Mme Ferland.
L’étude de Paulette Guitard tend à démontrer que l’approche de la professeure Ferland pourrait être utile non seulement auprès des enfants aux prises avec une déficience intellectuelle mais aussi chez les adultes atteints d’une maladie chronique. Elle est une des rares à s’être penchée sur la question de l’attitude ludique chez l’adulte. Cette recherche pourrait profiter aux ergothérapeutes et aux cliniciens qui travaillent auprès d’adultes présentant une déficience physique ou mentale. L’approche de Mme Guitard reprend les grandes lignes d’une méthode qui a fait école avec des enfants déficients (Le modèle ludique, Les Presses de l’Université de Montréal, 1998). Les résultats de son étude viennent de paraître dans The Occupational Therapy Journal of Research.
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