Environnement

La pile de l’avenir

Au cours d’un voyage récent au Japon, Michel Armand, professeur au Département de chimie de l’Université de Montréal, a pris le volant de la Prius, de Toyota. Cette voiture hybride fait un malheur au pays du Soleil levant. Jusqu’à la vitesse de 30 km/h, elle est propulsée uniquement par de l’électricité, puis le moteur à essence prend la relève. Au freinage, l’énergie récupérée sert à recharger la batterie, assurant une autonomie de plusieurs années au système ; quant à la consommation d’essence, elle diminue de moitié. « Comme c’est à basse vitesse que les autos polluent, cette voiture est une petite merveille pour diminuer les émanations de monoxyde de carbone dans les grandes villes », affirme ce chercheur de renom qui a contribué à mettre au point la batterie qu’on trouve sous le capot de la Prius.

Grand défenseur de l’environnement, ce directeur du seul laboratoire au Canada du Centre national de la recherche scientifique (France) et titulaire de la chaire Hydro-Québec d’électrochimie a consacré sa carrière au stockage d’énergie. Il se décrit comme un partisan de la recherche fondamentale, mais cela ne l’a pas empêché d’avoir son nom sur plus de 80 brevets d’invention. Récemment, une autre de ses découvertes, la pile au phosphate de fer-lithium, a fait le tour du monde. « À mon avis, le développement technologique en matière de stockage d’énergie se compare à la mise au point du transistor dans l’industrie de l’électronique. Depuis l’invention d’Alessandro Volta en 1800, il a fallu presque 200 ans pour multiplier par cinq la puissance des piles. »

Michel Armand a lancé, avec son collègue Michel Gauthier, chercheur invité à l’Université de Montréal, la société Phostec, chargée de commercialiser cette nouvelle technologie qui a fait l’objet de plusieurs présentations à des congrès internationaux. À base de fer, la pile est plus sécuritaire, moins coûteuse et moins polluante que la plus couramment utilisée, à base de cobalt. Selon M. Gauthier, la découverte est majeure à l’échelle occidentale. « La pile écologique répond à des besoins dans le secteur de l’électricité portable, une industrie au cœur des préoccupations de l’avenir. » Les ordinateurs portatifs, les véhicules automobiles et les systèmes de communication pourraient bénéficier de l’innovation. Si le procédé s’avère aussi performant que les expériences de laboratoire le laissent présager, il faudra se préparer à approvisionner tout le marché mondial des piles au lithium, un chiffre d’affaires de 10 milliards d’euros par an. « Lorsque Michel Armand m’a signalé qu’un physicien du Texas, John Goodenough, avait trouvé un matériau susceptible d’améliorer le stockage de l’électricité qui répondait à nos critères écologiques, j’en ai eu des frissons », relate M. Gauthier. Mais il y avait loin de la coupe aux lèvres. Il fallait trouver une façon d’augmenter la capacité de l’électrode. Les chercheurs ont d’abord acquis les droits du Texan avant de procéder à des expériences. Le déclic s’est produit lorsqu’ils ont eu l’idée de recouvrir l’électrode d’une couche de carbone.

Chercheur : Michel Armand
Téléphone : (514) 343-7604
Courriel : michel.armand@umontreal.ca
Financement : Hydro-Québec, Centre national de la recherche scientifique (France)

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