Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numÉro 2 - 6 septembre 2005
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Hip-hop, kung-fu et mathématiques!

Faire de l’exercice pourrait favoriser la performance scolaire

La danse est une activité physique toujours populaire.

Les enfants qui font de l’exercice réussissent-ils mieux à l’école?

C’est la question à 50 000$ qu’on a posée à une équipe de chercheurs de l’Université qui scrute un groupe de 140 élèves montréalais qui pourraient doubler, voire tripler le temps qu’ils consacrent à l’exercice physique à l’école. «Une telle étude n’a jamais été menée de façon aussi contrôlée et nous sommes fébriles à l’idée de démontrer pareille corrélation entre l’activité physique et les conditions d’apprentissage», affirme Suzanne Laberge, professeure de sociologie des sports au Département de kinésiologie.

Mme Laberge ne croit pas qu’on pourra observer des améliorations notables dans le relevé de notes à l’issue de sa recherche-action. Mais elle pense pouvoir mesurer des éléments comme l’estime de soi, la confiance, l’attention, la concentration, etc.

En compagnie de huit étudiants dont la coordonnatrice Paula Bush, qui en a fait son sujet de maitrise, la sociologue a conçu un programme d’exercices sur mesure pour les élèves de l’école Saint-Germain, dans l’arrondissement de Saint-Laurent. Après des consultations dans ce milieu très cosmopolite, l’équipe a été invitée à mettre sur pied des cours de hip-hop, danse africaine, kung-fu et d’autres activités dont elle ne soupçonnait même pas l’existence. «Danser la capoeira ou le PlayStation, par exemple, ça vous dit quelque chose? Eh bien nous non plus.»

Populaire auprès des Latino-Américains, la capoeira est un art martial inventé par les esclaves noirs au service des colons brésiliens. Fusion de la danse et du combat, la capoeira inclut les coups de pied fouettés, les exercices acrobatiques et la chorégraphie. Quant au «PlayStation», il s’agit de suivre en cadence, sur une plaque lumineuse, les pas indiqués par une console vidéo au son d’une musique disco.

140 volontaires

La recherche-action a consisté en la sélection d’une école en milieu défavorisé où les chercheurs pouvaient espérer trouver un nombre significatif de jeunes dont on pourrait suivre l’évolution sur une période de quatre mois et demi. La directrice de l’école Saint-Germain, Louise Chénard (elle-même diplômée de l’UdeM en éducation physique), et les deux professeurs d’éducation physique de l’établissement ont répondu à l’appel. «Nous avons une situation idéale, signale Mme Laberge, puisque l’école compte environ 400 enfants dont la moitié est en première secondaire et l’autre en deuxième. Nous disposons donc d’un groupe témoin sur lequel nous pourrons baser nos comparaisons.»

Les 140 participants âgés de 13 et 14 ans, qui ont obtenu l’approbation de leurs parents, ont d’abord répondu à un questionnaire détaillé sur leurs habitudes de vie (activités physiques, alimentation, tabagisme, sommeil, etc.) et passé des tests mesurant les cinq conditions d’apprentissage ciblées (attention-concentration, compétence sociale, estime de soi, contrôle de soi et climat de la classe). Les chercheurs en ont profité pour leur demander quels sports ils aimeraient pratiquer afin de les intégrer le plus possible au processus.

«Actuellement, le programme du ministère de l’Éducation prévoit une heure d’éducation physique pour chaque segment de neuf jours d’école. Notre objectif est de doubler, au minimum, ce temps. Avec 120 minutes pour neuf jours, nous espérons pouvoir observer des changements. J’ai l’impression que nous pourrions être surpris.»

Les performances scolaires telles qu’elles apparaissent dans les relevés de notes seront comparées avant et après la période étudiée, mais elles ne seront pas les seules prises en considération. La littérature scientifique mentionne que l’exercice améliore des éléments de la personnalité comme l’estime de soi, le contrôle des émotions, l’attention, la concentration... Le questionnaire tenait compte de ces variables.

Suzanne Laberge, qui s’intéresse depuis 20 ans à tout ce qui touche au sport et à la société, avoue s’être laissé entrainer dans ce projet qui unit les deux axes
de sa vie professionnelle : la recherche et l’application. Pourtant, lorsque le commanditaire de l’étude, le Comité de gestion de la taxe scolaire de l’île de Montréal, a communiqué avec elle, le projet ne laissait rien deviner de tel. «On m’a simplement posé cette question: “L’activité physique améliore-t-elle la performance scolaire?” Je me suis dit que ça valait la peine de l’examiner...»

Mathieu-Robert Sauvé

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