Hebdomadaire d'information
 
Volume 41 - numÉro 11 - 13 NOVEMBRE 2006
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Un baiser tous les soirs et beaucoup de communication

Voilà le secret du bonheur du couple de biochimistes Pascale Legault et James G. Omichinski

Les biochimistes Pascale Legault et James G. Omichinski en compagnie de leur fille, Marianne

Quand on est parents de deux enfants âgés de six et deux ans, qu’on se lève à six heures du matin, que la plus jeune nous garde éveillés la nuit, qu’on travaille aussi parfois tard le soir pour écrire un article ou remplir une demande de subvention, qu’on a des charges de cours et qu’on doit gérer un laboratoire de 12 chercheurs, on a tout avantage à bien s’entendre et à former une solide équipe.

C’est la vie quotidienne de Pascale Legault et James G. Omichinski, tous deux professeurs au Département de biochimie. Mariés depuis près de 10 ans, ces chercheurs de haut calibre travaillent ensemble dans le même domaine et forment un couple heureux. Leur secret: ils ne s’endorment jamais sans s’embrasser. «Ça, c’est le truc de Jim, confie Mme Legault. C’est efficace, mais il faut d’abord pouvoir exprimer ce qu’on ressent et, surtout, ne rien laisser en suspens. Sinon, on se lève fâchés et le problème n’est pas résolu.»

Simple, le truc? «Ce n’est pas aussi facile qu’il y parait, admet M. Omichinski. On a déjà jasé jusqu’à trois heures du matin avant de régler une question.» Heureusement, leurs horaires de travail leur permettent de se relayer lorsque surviennent des urgences familiales. «Nous évitons de prendre nos charges de cours en même temps, commente M. Omichinski. Comme ça, il y en a toujours un qui est disponible pour les enfants.»

Une première mondiale
Il suffit de passer une heure en compagnie des professeurs Legault et Omichinski pour mesurer le dynamisme qui émane du couple de biochimistes. Tandis que Pascale, 42 ans, titulaire d’une chaire de recherche du Canada en biologie structurale de l’ARN (acide ribonucléique), explique à la journaliste de Forum le fonctionnement des appareils de résonance magnétique nucléaire (RMN) utilisés dans leurs travaux de recherche, James s’amuse non loin de là avec leur fille Marianne, en congé scolaire. «La plus belle job au monde», dit-il avec son charmant accent américain.

Originaire de Détroit, ce spécialiste de la chimie médicinale de 48 ans qui compte près d’une centaine de publications à son actif ne regrette pas d’avoir laissé parents et amis pour venir s’ins-taller à Montréal avec sa famille en 2003. «Ici, c’est plus facile d’élever des enfants dans un milieu bilingue», souligne-t-il. Pascale avait aussi le désir de rentrer au pays et de travailler au Département de biochimie de l’Université de Montréal, son alma mater.

C’est à la fin de son doctorat à l’Université du Colorado, à Boulder, que Pascale Legault rencontre, à l’occasion d’un souper avec des amis, James G. Omichinski, qui travaille à cette époque aux National Institutes of Health, à Washington. «Je cherchais un endroit où effectuer un stage postdoctoral et lui un collaborateur, raconte Mme Legault. Entre nous deux, ça a cliqué!» Après trois ans et un millier de courriels au moins, James vient rejoindre Pascale à Toronto, où elle poursuit ses études postdoctorales. Ils se marient à Montréal en 1997. Alors qu’ils souhaitent s’installer au Québec, on affiche deux postes de professeurs à l’Université de Géorgie, à Athens. Ils sont embauchés. Ce n’est que cinq ans plus tard qu’ils réalisent enfin leur rêve. «Il a fallu faire plusieurs demandes de subvention afin d’obtenir de l’équipement comparable à ce que nous avions là-bas», indique Pascale Legault.

Une subvention de 2,2 M$ du programme Fonds de relève de la Fondation canadienne pour l’innovation leur a permis d’aména-ger des locaux de travail dans l’aile D-3 du pavillon Roger-Gaudry, où ils décortiquent la structure de macromolécules biologiques aux fonctions importantes. «Moi, je m’intéresse particulièrement à la relation entre la structure et la fonction de l’ARN alors que Jim étudie essentiellement la transcription liée au développement des globules rouges», précise la chercheuse.

Récemment, comme l’explique un article paru en juin 2006 dans la revue Molecular Cell, Pascale Legault et James G. Omichinski ont mis au jour, en grande première mondiale, le rôle d’un acteur majeur dans le développement du cancer en parvenant à photographier la protéine p53 en action. «Cette protéine est associée à plus de 50 % des cancers chez l’être humain, signale M. Omichinski. Jusqu’à maintenant, il n’avait jamais été possible de photographier la manière dont cette protéine est agencée et interagit avec l’appareil de synthèse des ARN.»

L’exploit a été rendu possible grâce à l’utilisation d’appareils de RMN et maintes analyses réalisées par ordinateur. Un véritable travail de moine effectué en grande partie par leur chercheuse postdoctorale Paola Di Lello. «Mais cela en valait la peine», disent les chercheurs à l’unisson. Le soir de la publication de leur article, ces épicuriens qui aiment la bonne chère et les bons vins (James est un fin collectionneur) ont débouché une bonne bouteille de rouge, un Brunello Di Montalcino…

Dominique Nancy

 

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