Hebdomadaire d'information
 
Volume 41 - numÉro 16 - 15 JANVIER 2007
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 Archives de Forum

Pandémies: où en sommes-nous?

Les experts en matière de VIH restent modestes, mais effectuent néanmoins des progrès

Serait-il possible d’utiliser des médicaments dirigés contre des cibles cellulaires plutôt que des cibles virales pour combattre le VIH? Voilà la question principale qu’ont discutée, à Lyon, des scientifiques mondialement réputés pour leur travail sur les pandémies.

«À l’heure actuelle, nous nous demandons s’il est possible de cibler certaines cellules dans lesquelles le virus se cache. Il s’agirait de désigner des cibles cellulaires au lieu de cibles virales», explique Eric Cohen, professeur à la Faculté de médecine et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en rétrovirologie humaine. Le Dr Cohen, qui est rattaché à l’Institut de recherches cliniques de Montréal, était un des deux organisateurs du colloque «Les nouvelles pandémies: les comprendre, les combattre», présenté début décembre à l’occasion des Entretiens Jacques-Cartier.

La rencontre, qui a eu lieu à l’École normale supérieure de Lyon, a permis d’entendre plusieurs sommités qui ont, d’entrée de jeu, rappelé que le virus du sida a déjà couté la vie à plus de 25 millions de personnes et qu’au-delà de 40 autres millions étaient infectées par le VIH.

Les recherches du Dr Cohen portent sur la façon dont le VIH utilise et détourne des processus cellulaires pour se multiplier. Le chercheur étudie les mécanismes moléculaires et cellulaires qui régissent la manière dont le virus persiste chez des individus infectés.

Le virus du sida persiste en effet sous une forme latente dans certains types cellulaires et notamment dans les monocytes-macrophages et les lymphocytes T à mémoire. Ces cellules dont la demi-vie est assez longue se comportent comme des réservoirs et, à l’arrêt des thérapies, ces réservoirs permettent au virus de resurgir. Plusieurs recherches destinées à réduire ou à éliminer ces réservoirs cellulaires sont en cours.

Les stratégies préconisées pour tenter d’éliminer ces réservoirs cellulaires du VIH se rapprochent de celles employées en cancérologie, quand on doit détruire les dernières cellules cancéreuses, a déclaré le Dr Jean-Pierre Routy, de l’Université McGill. Il s’agit d’augmenter la réponse immunitaire spécifique avec des immunomodulateurs ou de recourir à des approches visant à supprimer ces cellules à l’aide d’anticorps. Des tests effectués sur des souris ont produit des résultats qualifiés de prometteurs. Mais, dans cette course effrénée, aucun chercheur ne crie victoire. Et pour cause.

À Lyon, les experts ont aussi évoqué certaines réalités moins connues, par exemple le fait que 15 % des personnes infectées en Occident sont porteuses d’un virus qui a déjà subi une mutation et qui est donc plus résistant aux médicaments. Nous voilà en présence d’un problème préoccupant de santé publique, a estimé le Dr Mark Wainberg, également de l’Université McGill. La plupart de ces personnes ont été infectées par des gens qui ne se savaient pas atteints et, comme la charge virale est très forte au début, les risques de transmission sont très élevés. En fait, 50 % des nouveaux cas sont attribuables à des personnes qui sont infectées depuis peu et qui l’ignorent.

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