Hebdomadaire d'information
 
Volume 41 - numÉro 29 - 7 mai 2007
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

La place de la littérature dans la cité

Les départements d’études anglaises et des littératures de langue française fêtent conjointement leur 45e anniversaire

De gauche à droite, Catherine Mavrikakis, Lianne Moyes, Aline Apostolska, Ollivier Dyens et Jean-François Bourgeault

Il n’est pas banal que deux départements dont les objets d’étude sont aussi éloignés que la littérature anglaise et la littérature française s’associent pour célébrer leur 45e anniversaire.

Pour la circonstance, le Département d’études anglaises et le Département des littératures de langue française tenaient une table ronde bilingue, le 20 avril dernier, sur la place de la littérature dans la cité et lançaient un nouveau programme bidisciplinaire unique au Québec.

«Ces activités communes font mentir le concept des deux solitudes», déclarait le doyen de la Faculté des arts et des sciences, Joseph Hubert, au lancement des activités.

Le Département des littératures de langue française a en outre profité de l’occasion pour décerner un doctorat honorifique à Jacques Roubaud (voir l’article ci-dessous).

Grandeur et souillure de la littérature
Animée par l’écrivaine et journaliste Aline Apostolska, la table ronde a présenté des points de vue tantôt convergents et tantôt divergents sur le rôle de la littérature.

Lianne Moyes, professeure au Département d’études anglaises, s’en est remise à Victor Hugo pour soutenir que «la poésie est un espace où tout est permis et où tout a droit de cité». À l’opposé de cette vision glorieuse de la littérature, Catherine Mavrikakis, professeure au Département des littératures de langue française, a fait siennes les paroles de l’écrivain Michel Surya, pour qui «la littérature ne doit retenir aucune gloire, doit rester honteuse, quasi sale de souillures». À son avis, la littérature n’a pas à défendre la veuve et l’orphelin; il y a d’autres lieux plus efficaces pour soutenir des causes sociales et redresser des torts.

Au lendemain de la tuerie de Virginia Tech, Mme Mavrikakis a récusé les propos de ceux qui reprochaient aux professeurs de cet établissement de n’avoir pas réagi aux écrits violents du tueur. «Si les textes violents devaient être interdits, il n’y aurait plus de cours de littérature», a-t-elle souligné.

Jean-François Bourgeault, du comité de rédaction des cahiers littéraires Contre-jour, a déploré pour sa part la disproportion entre la prolifération du nombre d’écrivains et la diminution du lectorat. Selon les chiffres qu’il a cités, 25 % des Français se disent écrivains et 81 % des Américains ont un manuscrit à produire. Il craint que l’obligation de publication soit en train de tuer la lecture gratuite non commandée.

Pour le directeur du Département d’études françaises de l’Université Concordia, Ollivier Dyens, la crise de la littérature reflète la crise existentielle provoquée par la science et la technologie, qui changent notre perception du monde. «Avec les technologies de la communication comme Internet, il y a une crise de la narration, affirme-t-il. Il n’y a plus de début et de fin, ni de couches successives dans un récit; il n’y a que du présent et de la linéarité et cela est difficile à intégrer dans notre métaphysique.»

Un baccalauréat bidisciplinaire unique
Les doyens des deux départements du campus ont profité de la table ronde pour lancer un programme unique en son genre, le baccalauréat en littératures de langues anglaise et française.

«Il s’agit d’un programme très exigeant qui demande de suivre la moitié des cours dans le corpus d’études françaises et l’autre moitié dans celui d’études anglaises, a souligné le doyen du Département d’études anglaises, Robert Schwartzwald. Cette spécialisation s’avèrera un atout pour travailler dans l’édition, l’enseignement, les relations publiques, les ONG ou les ministères.»

Le baccalauréat donne accès aux cycles supérieurs des deux départements ainsi qu’à ceux en littérature comparée et il accueillera ses premiers étudiants en septembre prochain.

Daniel Baril

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