Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numÉro 27 - 10 avril 2006
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

courrier du lecteur

L’achat de la gare de triage d’Outremont: un choix contestable et contesté

La direction de l’Université a acheté les terrains de la gare de triage d’Outremont en avance sur la date qu’elle prévoyait. Une telle hâte, alors qu’on est loin d’un consensus dans la communauté universitaire, indispose. L’opération est importante et elle implique bien plus que l’achat de terrains. C’est l’orientation de l’établissement et son avenir qui sont en jeu.

Qu’on examine l’état financier de l’UdeM à l’heure de cette transaction. La dette s’élève à 408 M$, conséquence d’une croissance de celle-ci de plus de 60% en cinq ans. Elle était de 253 M$ en 2000. Les engagements à long terme sont de l’ordre de 91 M$ en 2005 (650 000$ en 2000). Ce lourd fardeau est la note à payer pour la boulimie immobilière de ces dernières années. Comment propose-t-on de l’alléger? En acquérant davantage de mètres carrés pour la rondelette somme de quelque 50 M$ (achat et aménagement des terrains). Les partenaires fédéraux, provinciaux et municipaux sont indispensables pour la prise en charge de la décontamination, l’enlèvement des rails et la mise à niveau des infrastructures, sans lesquels la nouvelle acquisition ne représente qu’un vaste terrain vague contaminé. Le ministre Fournier a été généreux en propos positifs et en encouragements moraux, mais évasif quant au soutien financier que son gouvernement entend apporter à cette entreprise qu’il applaudit.

Au même moment, l’annonce d’un déficit non prévu au budget de fonctionnement se répercute dans tout l’établissement, assombrissant son présent et son avenir. Les compressions auront les conséquences qu’elles ont eues par le passé: l’attentisme, le repli sur soi, le pessimisme et la stagnation. Déficitaire de 125 professeurs et professeures par rapport aux cibles de sa planification, l’UdeM subit l’arrêt, la suspension ou le report des entrées en fonction prévues pour juin 2006. Le renouvèlement du corps professoral connaitra un temps mort alors même que l’effectif étudiant a augmenté considérablement. Quant au service de courriel à l’Université, devenu un sérieux obstacle à la réalisation de leur travail par les membres de la communauté universitaire, sa remise en état est une question de la plus haute urgence. Il est incongru de s’occuper de l’expansion territoriale de l’Université pendant que ses services vitaux s’écroulent.

L’une des causes du déficit au budget de fonctionnement est le service de la dette lié aux acquisitions foncières des dernières années. Cette dette et son service sont appelés à augmenter avec l’achat de la gare de triage d’Outremont. Les budgets de fonctionnement et de dépenses immobilières sont communicants. La croissance du parc immobilier a des effets tout à fait mesurables sur les montants disponibles pour les activités d’enseignement et de recherche.

La simultanéité entre les nouvelles dépenses immobilières pour la gare de triage d’Outremont et les compressions dans les activités qui sont l’essence même d’une université ne peut que susciter l’incrédulité et l’inquiétude. Ces choix budgétaires éloignent l’Université de sa mission. Que faut-il penser d’un établissement universitaire qui investit dans l’immobilier au moment même où il réduit ses investissements dans l’enseignement et la recherche, notamment dans son corps professoral? Il y a un engouement pour l’immobilier qui fait craindre que la mission universitaire ait été perdue de vue. On aura plus de mètres carrés et moins d’activités d’enseignement et de recherche. Est-ce logique? N’y a-t-il pas dérive? La direction de l’Université est-elle en contact avec la communauté universitaire?

Quant au processus par lequel la transaction est effectuée, il est à revoir au complet. Des choix d’une telle importance ne sauraient être faits qu’avec l’accord de la communauté universitaire. Les documents sur l’opération d’Outremont n’ont pas été rendus disponibles, les scénarios de rechange complètement occultés. L’accord des instances représentatives n’a pas été recherché. Il est regrettable que des choix qui engagent le présent et l’avenir de l’établissement soient la prérogative de si peu de personnes. Il est attristant de constater que l’UdeM n’est pas affranchie d’une conception hiérarchique et autoritaire de la prise de décision. Nous croyons qu’une autre culture doit s’implanter, au bénéfice de toute la communauté universitaire.

Louis Dumont et Samir Saul
Professeurs
Président et premier vice-président du SGPUM

L’UdeM a fait le bon choix
Aimer son enfant ne suffit pas

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