Histoire

La maladie de Parkinson aurait coûté la guerre à Hitler

Le 6 juin 1944, les forces alliées débarquent en Normandie et obtiennent une victoire sur le IIIe Reich qui changera le cours de l’histoire. Les soldats ont beau courir par centaines sur les plages de Normandie, le commandant en chef des forces allemandes, Adolf Hitler, persiste à croire que la véritable attaque aura lieu à Calais. « Hitler refuse de tenir compte des informations qui lui parviennent de Normandie, qu’il associe à une simple diversion, explique le neuropsychologue Jean-François Gagnon, de l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal (affilié à l’Université de Montréal), reprenant une thèse défendue en 1999 par le chercheur américain, le Dr. Thomas Hutton. Hitler reste attaché à son idée initiale. Et comme il a concentré tous les pouvoirs décisionnels entre ses mains, aucun général n’ose le défier et contourner son autorité. »

Les blindés allemands, qui auraient pu repousser les alliés, demeurent donc inutilisés à un moment stratégique de la bataille. Lorsqu’il faudra contre-attaquer, il sera trop tard. « L’attitude intransigeante d'Hitler durant cette bataille historique est, à mon avis, un symptôme de la maladie de Parkinson, dont il souffrait depuis une douzaine d’années », affirme M. Gagnon.

Pour avoir travaillé auprès de personnes atteintes de maladies dégénératives du système nerveux et rédigé une thèse sur le sommeil des parkinsoniens, Jean-François Gagnon est convaincu que les atteintes cognitives ont influé sur les décisions du dictateur allemand le jour J. Dans sa forme aiguë, la maladie de Parkinson rend le sujet inflexible quand vient le temps de résoudre des problèmes. « C’est l’une de ses manifestations cognitives les plus documentées », précise-t-il.

Découverte en 1817 par James Parkinson, la « paralysie agitante » est un trouble neurologique qui touche les adultes âgés et dont la cause est inconnue. En plus de provoquer un handicap moteur grave, elle se caractérise par quatre principaux symptômes : la rigidité musculaire, le tremblement au repos, le ralentissement des gestes volontaires et les troubles de la posture. On note aussi chez plusieurs patients des difficultés d’élocution et de locomotion ainsi que des atteintes cognitives. « Lorsqu’ils doivent résoudre un problème, certains sujets demeurent accrochés à une idée qui les entraîne vers une impasse, indique Jean-François Gagnon. On dit qu’ils perdent leur flexibilité mentale. »

Bien que le führer ait été parmi les personnages publics les plus abondamment filmés de la première moitié du 20e siècle, peu d’images témoignent de la maladie dont il souffrait. Des signes cliniques ont tout de même été notés par un de ses commandants, Heinz Guderian, qui écrit : « La main gauche d’Hitler tremblait, son dos était courbé et sa posture était rigide. » De plus, Hitler était secoué d'un tremblement des membres du côté gauche. « La propagande allemande a été ici d’une grande efficacité, fait remarquer M. Gagnon, car seule la garde rapprochée d'Hitler semble avoir été au courant de son état. Imaginez la réaction des alliés, et même du peuple allemand, si la chose s’était sue… »

À la suite d’une analyse des images du leader allemand parvenues jusqu’à nous et tournées de 1929 à 1945, le neurologue Abraham Lieberman en est venu à préciser l’apparition des premiers symptômes de la maladie : 1933. Son état de santé serait demeuré stable jusqu’en 1940, mais, dès 1941, les symptômes auraient été trop évidents pour être camouflés. Cela expliquerait pourquoi Adolf Hitler a été si rarement aperçu en public pendant une bonne partie de la Deuxième Guerre mondiale.

 

Chercheur :

Jean-François Gagnon

Courriel :

gagnonjf@hotmail.com


 

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Janvier 2005


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