Nutrition

Manger moins gras : facile à dire !

Au Québec, l’excès de poids et l’obésité sont plus répandus chez les familles des régions rurales. Pour la nutritionniste Isabelle Huot, qui vient de publier les résultats d’une vaste étude sur les habitudes alimentaires des Québécois dans le Journal of Obesity, les organismes de santé publique doivent cibler cette clientèle s’ils veulent limiter les ravages causés par les maladies du cœur.

« C’est apparu très clairement dans notre étude, explique-t-elle. Dans les régions rurales, l’alimentation est souvent moins variée et les aliments santé moins nombreux. Plusieurs font leurs courses au dépanneur du coin, ce qui limite l’accessibilité aux aliments moins gras. » Au cours de sa recherche de doctorat menée à l’Université de Montréal auprès de 10 014 individus des régions de Montréal, Fabreville et Rivière-du-Loup, M me Huot a questionné des parents de jeunes enfants de divers milieux socioéconomiques. La première partie de son étude confirme que les non-fumeurs et les sportifs sont moins aux prises avec un excès de poids que la population en général. L’enquête démontre aussi que les hommes consomment plus de mauvais gras que les femmes et que l’incidence de l’obésité s’accroît avec l’âge.

Mais la chercheuse a voulu aller plus loin et mesurer l’impact du Projet québécois de démonstration en santé du cœur sur le changement des habitudes alimentaires. Elle a donc constitué un échantillon de près de 5000 personnes auxquelles elle a fait remplir un questionnaire et quatre ans plus tard elle les a de nouveau interrogées pour savoir si leurs habitudes avaient changé. Résultat? « Les gens n’avaient pas modifié significativement leurs habitudes, confie-t-elle. Le message des nutritionnistes passe bien auprès de la population, mais on dirait qu'elle oublie vite… » À quoi servent les nutritionnistes, alors ? Pour Isabelle Huot, les campagnes de sensibilisation à une saine alimentation ont une influence certaine. Les messages concurrents sont simplement plus forts. « Les gens ont accès à beaucoup d’autres sources d’information moins crédibles, la publicité télévisée par exemple », déplore-t-elle.

En tout cas, cette professionnelle a choisi une voie inusitée pour faire passer le message des nutritionnistes : les médias. Chroniqueuse en alimentation à Salut bonjour et Tonus (TVA), elle signe des rubriques dans L’actualité médicale, Capital santé, Elle Québec, Madame, Le marché express, 7 jours et Les lettres gastronomiques. Sans compter sa pratique clinique, une journée par semaine. Elle avoue travailler sept jours sur sept et parfois jusqu’à une heure avancée. Mais elle ne s’en plaint pas. « Pour l’instant, l’alimentation est à la mode. Tant mieux si l'on se soucie davantage de ses choix alimentaires, la santé de la société ne pourra que s'améliorer. »

Invitée à commenter la valeur nutritive des plats offerts par les chaînes de restauration rapide au bulletin d’information de TVA, en novembre dernier, elle a déposé devant elle 15 tranches de pain blanc accompagné d’autant de contenants de beurre. Puis elle a jeté 13 carrés de sucre dans un verre et s’est tournée vers la caméra pour dire : « Voici ce que vous consommez quand vous commandez un “trio”. » L’auditoire a réagi vivement à cette prestation. « Je n’hésite pas à employer ce genre d’image pour montrer aux gens à quel point on les berne », dit-elle.

 

Chercheuse :

Isabelle Huot

Courriel :

isabellehuot@yahoo.fr

Téléphone :

(514) 995-8811

Financement :

Institut Danone

 

 

Sommaire
Janvier 2005


Psychologie
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Droit
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Histoire
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Criminologie
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Pharmacologie
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Épidémiologie
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Psychiatrie
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Nutrition
Manger moins gras : facile à dire !

Orthophonie-audiologie
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Développement international
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Optométrie
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Cardiologie
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Gérontologie
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Communications
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