Pharmacologie

Le cannabis est utilisé à Montréal comme antidouleur

L’anesthésiste Pierre Beaulieu mène actuellement au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) des travaux de recherche clinique sur la nabilone, un dérivé synthétique du tétrahydrocannabinol ou THC, qui est le principal composant psychoactif du cannabis. Première au Canada en ce qui a trait à la douleur postopératoire, cette recherche consiste à tester les propriétés antidouleur du cannabis en association avec la morphine chez des patients qui ont subi une chirurgie majeure. « Nous avançons l’hypothèse que la nabilone associée à la morphine donnera de meilleurs résultats que les analgésiques couramment utilisés, comme les anti-inflammatoires non stéroïdiens ou AINS », commente le D r Beaulieu qui, en plus de sa pratique médicale, est professeur au Département de pharmacologie de l’Université de Montréal.

Le protocole ne prévoit pas la distribution de marijuana aux patients alités, bien entendu, mais l’ingestion sous forme de comprimés de cette molécule synthétique dérivée du cannabis. « Lorsqu’une personne fume un joint, son organisme absorbe une soixantaine de produits, appelés cannabinoïdes, dont certains ont des effets psychotropes. La nabilone ne représente qu’un seul de ces produits. »

À raison de trois doses en 24 heures, la nabilone sera donnée en complément à la morphine, et l'on comparera ses effets avec ceux obtenus au moyen d’un placebo et d’un autre produit couramment employé (un AINS), ces deux derniers étant aussi associés à la morphine. Une quarantaine de patients ont déjà accepté de participer à l'étude et le chercheur veut en réunir 160 avant de clore l’échantillon.

Le Canada autorise l’usage de la marijuana pour des raisons médicales dans des circonstances très précises. Des patients se voient prescrire depuis plusieurs années du cannabis contre la douleur. Deux autres médicaments délivrés sur ordonnance sont aussi vendus. En plus de la nabilone (commercialisée sous le nom de Cesamet), utilisée principalement pour ses effets antinauséeux, un autre dérivé cannabinoïde, le dronabinol (connu sous le nom de Marinol), est également prescrit aux anorexiques pour leur redonner de l’appétit. Mais l’usage en médecine clinique de ces deux dérivés ne fait pas l’unanimité et ces produits n’ont pas été désignés pour le traitement de la douleur. Pourtant, on a recours au cannabis depuis longtemps dans les laboratoires. Les effets du THC sur l’animal sont incontestables. Mais selon le D r Beaulieu, qui a récemment effectué une recension exhaustive de la littérature sur le sujet, le cannabis a gagné des points depuis 18 ou 24 mois dans le monde médical.

Pourquoi rechercher de nouveaux produits antidouleur ? Cela peut sembler étonnant, mais l’arsenal thérapeutique est pauvre en analgésiques. D’un côté, on trouve l’acétaminophène (ou Tylenol), qui soulage les douleurs légères ; de l’autre, la morphine ou l'un de ses dérivés sont employés dès que le patient est aux prises avec des douleurs aiguës ou persistantes. « Entre les deux, il n’y a presque rien, mentionne l’anesthésiste, et l'on peut voir actuellement les limites de la prescription des AINS. La morphine quant à elle est efficace, mais entraîne des effets secondaires majeurs. »

 

Chercheur :

Pierre Beaulieu

Courriel :

pierre.beaulieu@umontreal.ca

Téléphone :

(514) 890-8000, poste 14570

Financement :

Instituts de recherche en santé du Canada

 

 

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Janvier 2005


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