Santé publique

Un chercheur s’attaque au béryllium

Chaque jour, plusieurs centaines de milliers de travailleurs québécois sont potentiellement exposés au béryllium, un métal toxique qui peut provoquer une maladie pulmonaire appelée bérylliose. Les symptômes de cette maladie comprennent une difficulté à respirer, la toux, une douleur thoracique et une faiblesse généralisée.

Entre 1999 et 2002, 16 cas de bérylliose chronique ont été diagnostiqués chez des travailleurs par des comités mis sur pied par la Commission de la santé et de la sécurité du travail. À ce nombre, on pourrait ajouter 33 travailleurs touchés à des degrés moindres, dont 12 reconnus avec une bérylliose subclinique et 21 sensibilisés au béryllium. Leur moyenne d’âge est de 46 ans. « Certains ne peuvent plus travailler et leur qualité de vie se trouve diminuée, fait remarquer Joseph Zayed, de l’Université de Montréal. Bien que la maladie ne se guérisse pas, le traitement des symptômes est possible par la médication. Même si cette maladie est très connue des spécialistes en santé au travail et que les premières normes sur les émanations datent d’aussi loin que 1949, on ignore encore les mécanismes précis qui mènent à l’atteinte des voies respiratoires. Or, un projet de recherche sous la direction du professeur Zayed veut justement faire la lumière sur les poussières microscopiques qui seraient à l’origine de la maladie. L’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail financera cette recherche de près de un million de dollars.

On sait que les travailleurs des entreprises spécialisées qui utilisent le béryllium sont les plus à risque : fonderies non ferreuses, alumineries, usines de soudage et de fabrication de céramique semi-conductrice, usines de pièces destinées aux secteurs aéronautique, de l’armement et de l’énergie nucléaire. Un aspect insidieux de l’atteinte des voies respiratoires réside dans le délai entre l’exposition au métal et l'apparition des symptômes : « La période de latence des symptômes, c'est-à-dire le temps écoulé entre la première exposition et l'apparition des manifestations de la maladie, est généralement de 10 à 15 ans. Celle-ci peut se manifester alors que le sujet est toujours exposé au béryllium ou elle peut n'apparaître que 25 ans après la dernière exposition », peut-on lire dans un document du ministère du Travail.

« Nous allons utiliser des modèles animaux pour tester trois formes chimiques de béryllium, soit le béryllium pur, l’oxyde de béryllium et le béryllium de cuivre. Notre hypothèse de départ, c’est que la toxicité varie d’une forme à l’autre », explique le professeur rattaché au Département de santé environnementale et santé au travail de la Faculté de médecine.

Les implications de cette recherche pourraient être importantes puisque les normes internationales, aujourd’hui uniformes, pourraient être révisées en tenant compte de la toxicité des formes chimiques du métal. « Actuellement, dit M. Zayed, la communauté scientifique estime qu’il n’y a pas suffisamment d’information toxicologique et de connaissances scientifiques sur l’exposition des travailleurs pour établir solidement de nouvelles normes d’exposition en milieu de travail. »

Chercheur : Joseph Zayed
Courriel : joseph.zayed@umontreal.ca
Téléphone : (514) 343-5912  
Financement : Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail

 

 

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Octobre 2004


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