Astrophysique

40 jours d’observation dans l’espace

Entre la mi-juin et la fin juillet 2004, une équipe de l’Université de Montréal a pu observer pendant 40 jours sans pause une étoile massive située près de la constellation d'Aquila. Cette observation pourrait révéler de précieuses informations à propos de la mort des étoiles massives. « L’étoile que nous avons observée avait à l’origine une masse d’au moins 20 fois celle du Soleil. Mais quand une étoile de cette taille épuise ses carburants nucléaires et meurt, elle perd rapidement sa masse, même avant son explosion finale en supernova, et les observations que nous avons pu faire, sans précédent, permettront de déterminer sa vraie nature. »

L’astre observé par l’équipe du professeur Moffat, appelé WR 123, est de la famille des étoiles exotiques dites Wolf-Rayet. Il a été décrit pour la première fois dans les années 70 par M. Moffat. Étant donné la distance qui nous sépare de cet objet et donc la faible lumière qu’il émet, son observation a toujours été problématique. Or, le chercheur peut compter depuis l’an dernier sur le premier observatoire astronomique spatial purement canadien qui est en quelque sorte le petit frère du télescope Hubble. Il s’agit du satellite MOST, acronyme de « microvariabilité et oscillations stellaires ».

Pour réduire les coûts, le lancement de l’observatoire spatial canadien n’a pas eu lieu aux États-Unis ou en Europe mais dans le nord-ouest de la Russie, au Plesetsk Cosmodrome, le 30 juin 2003. Couronnée de succès, la mise en orbite s’est poursuivie sans encombre depuis. Le petit observatoire, de la grosseur d’une valise et d’un poids de 60 kg, fait le tour de la Terre toutes les 100 minutes en passant près des deux pôles. Avec une équipe internationale composée principalement de chercheurs canadiens, Anthony Moffat a participé de près à ce projet original dont la note s'est élevée à une fraction de celle de Hubble, soit environ 10 M$ (contre des milliards pour le fameux télescope américain). En orbite à 820 km de la surface de la Terre, l’observatoire est muni d’un miroir à peine plus grand qu’une assiette mais capable d’une remarquable précision. « J’ai toujours été très intrigué par les nouvelles technologies et celle-là constitue une belle réussite compte tenu du coût et des avantages pour la recherche au Canada », déclare le professeur.

Déjà, MOST a permis la publication d’un article remarqué dans la revue Nature en juillet dernier. Signé Jaymie Matthews et cosigné par M. Moffat, cet article fait état de l’observation de Procyon, une étoile semblable au Soleil. « MOST est actuellement le seul instrument capable d’obtenir des informations photométriques sur les oscillations d’une grande précision (quelques parties par million) dans des étoiles autres que le Soleil », peut-on lire. À la suite de son observation de l’été, Anthony Moffat espère découvrir les propriétés oscillatoires de l’étoile WR 123 en analysant la variabilité de son rayonnement. Même si l’astre est à 20 000 années-lumière de notre planète, il émet suffisamment de lumière pour permettre aux chercheurs de déterminer sa nature. Or, les ondes sonores créées par des instabilités internes mènent aux pulsations à la surface des étoiles et modifient ainsi l'intensité de la lumière produite. Les appareils de MOST peuvent mesurer les oscillations de cette intensité, ce qui permet de contraindre diverses propriétés des étoiles.

Chercheur : Anthony Moffat
Courriel : anthony.f.j.moffat@umontreal.ca
Téléphone : (514) 343-6682 
Financement : Agence spatiale canadienne, Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada

 

 

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Octobre 2004


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Un chercheur s’attaque au béryllium

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40 jours d’observation dans l’espace

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