Physique

Un écran de télé sur votre chemise ! 

Imaginez un écran autonome ultrafin et flexible comme du papier, qu’on peut transporter partout avec soi, pouvant devenir à la fois journal du jour et écran de télé. William Skene, professeur adjoint au Département de chimie de l’Université de Montréal, est à la tête d’un groupe de chercheurs travaillant à la mise au point des structures de polymères qui sont indispensables à cette nouvelle génération d’écrans nommés Organic Light Emetting Diodes (OLED).

« L’imagination sera la seule limite aux applications », lance le chimiste avec enthousiasme. Écrans d’ordinateurs et de téléphones portables, panneaux publicitaires, textiles d’un tout autre genre. Grâce à son grand potentiel de résolution, son ultraminceur, sa très faible consommation d’énergie, son format flexible et facile à transporter, on peut donner n’importe quelle forme à l’écran qui ne sera nullement influencé par la température. À partir de là, on peut penser à des écrans sur une surface courbe desquels on ne perdrait pas l’image par angulation, des vêtements électroniques, une nouvelle conception du livre, des voies différentes pour le cinéma.

« Vous n’aurez pas d’écran de télé sur votre chemise la semaine prochaine, mais on peut s’attendre à voir cette technologie apparaître d’ici 10 ans », mentionne le spécialiste en matériaux. L’OLED se compose d’une couche émettrice disposée entre deux électrodes transparentes ; un courant passe entre les électrodes et la recombinaison des charges induit une émission de couleur par réaction électrochimique. Ainsi, la couleur est produite par les composantes de l’écran. Des entreprises comme Kodak, Philips, Pioneer et Dupont suivent de très près ce type de recherches en plus de le financer.

Les écrans de première génération, à tube ( cathode ray tube ), qu’on trouvait dans les télévisions et ordinateurs domestiques classiques, étaient gros, encombrants et lourds. La deuxième génération est celle des écrans à cristaux liquides, soit celle des écrans plats, des ordinateurs portables, des écrans de calculatrices et des agendas électroniques (Palm Pilots) : des cristaux liquides sont déposés sur une surface dure et l’éclairage vient du fond. Toute la technologie actuelle repose sur ce principe. Il s’agissait déjà d’une avancée majeure, mais les limitations de ce type d’écran sont assez considérables : outre sa rigidité, l’émission lumineuse se fait dans une seule direction. Si l’utilisateur n’est pas en face de son écran, il ne peut voir l’image nettement.

L’élaboration d’une troisième génération suscite beaucoup d’espoir dans le monde des technologies. L’OLED fon c tionne à base de matériaux organiques tels que le carbone, l’hydrogène, l’oxygène et le soufre. Son aspect révolutionnaire, explique William Skene, vient du fait que son fonctionnement repose sur une réaction chimique comme dans une pile. C’est cette réaction qui engendre l’émission d’énergie sous forme lumineuse. « Selon la longueur d’onde sur le spectre lumineux et selon la composition chimique, on peut déduire la couleur qui sera émise », indique le chercheur.

Un des problèmes actuellement est la perte d’énergie qui se produit au passage entre la surface de l’écran et la couche électrique. Pour augmenter l’efficacité du dispositif, il s’agirait d’ajouter une couche dite d’« injection de trous ». C’est sur ce point précis que travaille William Skene : l’idée est de faire « davantage de petits pas au lieu d’un grand saut », commente-t-il. Cette couche supplémentaire est faite de ces nouveaux polymères qui deviennent conducteurs, contrairement aux plastiques en général. Il faudra malheureusement encore une décennie avant que la recette magique soit au point.

 

Chercheur :

William Skene

Courriel :

w.skene@umontreal.ca

Téléphone :

(514) 340-5174




 

Sommaire
Juin 2005


Droit
Au Québec, 88 enfants ont deux mères

Nutrition
La télévision nuit à l’alimentation de l’enfant

Cardiologie
Des antidépresseurs pour cesser de fumer

Pneumologie
Un médecin qui provoque des crises d’asthme !

Histoire de l’art
Douze toiles de Quillard découvertes par un Montréalais

Sociologie
Femmes : le Québec n’est pas l’enfer... ni le paradis 

Biologie
Les saumons préfèrent la nuit

Médias
La radio satellite brouille les ondes

Physique
Un écran de télé sur votre chemise !

Kinésiologie
Hip-hop, kung-fu et mathématiques

International
Le libre-échange provoquera une hausse du sida au Guatemala

Ergothérapie
L’adulte aussi doit s’amuser

Biochimie
Franz Lang perce les mystères des mitochondries

Optométrie
Myopie traitée au laser : 97 % de satisfaction


Archives | Communiqués | Pour nous joindre | Calendrier des événements
Université de Montréal, Direction des communications et du recrutement