International

Le libre-échange provoquera une hausse du sida au Guatemala  

Le pacte de libre-échange entre les États-Unis et l’Amérique centrale pourrait avoir des effets catastrophiques sur les efforts visant à réduire le nombre croissant de cas de VIH et de sida au Guatemala.

C’est du moins l’opinion de la chercheuse Mira Johri, de l’Université de Montréal, qui s’est rendue dans ce pays pour mettre sur pied un programme visant à abaisser le nombre de femmes séropositives qui transmettent le virus à leurs nouveau-nés (la « transmission verticale »).

L’organisme humanitaire Médecins sans frontières (MSF) a sévèrement critiqué l’Accord de libre-échange États-Unis - Amérique (ALEEA), auquel le Guatemala a adhéré le 9 mars dernier. Cet accord aura une incidence négative sur la quantité de médicaments antiviraux accessibles à l’avenir. Ces médicaments, auxquels ont eu accès environ le quart des personnes aux prises avec la maladie, ont été distribués jusqu’à maintenant sous forme de génériques, des médicaments vendus à bas prix et non protégés par des brevets. Cette distribution est remise en question par l’Accord, qui contient des dispositions strictes en matière de protection des brevets pharmaceutiques.

Les critiques soutiennent que tous les progrès enregistrés dans le traitement des personnes vivant avec le VIH ou le sida seront effacés avec l’adoption de ALEEA par le Guatemala. Médecins sans frontières indique que cette entente va à l’encontre d’un accord international signé à Doha en 2001 afin d'alléger les obligations particulièrement contraignantes des pays en développement. Selon l’Organisation mondiale de la santé et ONUSIDA, 13 500 Guatémaltèques vivent avec le VIH ou le sida et doivent impérativement recevoir un traitement antirétroviral, mais seulement 3600 ont accès aux médicaments.

La différence entre le coût des médicaments génériques et celui des médicaments d’origine est considérable. La trithérapie en un seul comprimé administrée par MSF coûte 216 $US par personne par année alors que le système de sécurité sociale du Guatemala paie 4818 $US pour la même combinaison de médicaments au fabricant GlaxoSmithKline. On trouve que la pilule est difficile à avaler. Le projet de Mira Johri, qui s’appuie sur la collaboration de médecins, de chercheurs et d'administrateurs de la santé du pays, consiste en la mise en place et en l’évaluation d’un programme destiné à diminuer la transmission mère-enfant du VIH d’au moins 30 % sur une période de six mois. Les chercheurs se rendront rencontrer individuellement les femmes enceintes à Ciudad Guatemala. Toutes celles qui sont porteuses du virus recevront les médicaments antiviraux. « Si le Guatemala n’avait pas encore adopté un tel programme national de prévention de la transmission verticale, c’est qu’il est très coûteux dans un contexte où les priorités en matière de santé sont nombreuses », soutient la chercheuse rattachée au Département d’administration de la santé de la Faculté de médecine.

Le Guatemala a indiqué son intention de réduire de moitié le nombre de décès liés au sida d’ici 2008. Mira Johri et MSF soulignent que ce n’est sûrement pas en payant des médicaments à prix élevé que le pays réussira à atteindre cet objectif.

 

Chercheuse :

Mira Johri

Courriel :

mira.johri@umontreal.ca

Téléphone :

(514) 343-7318

Financement :

Instituts de recherche en santé du Canada



 

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Juin 2005


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